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Le soleil, cependant

Publié le 26 novembre 2008 par Unepageparjour

Début de Habélard et Lola

Le soleil, cependant, ricocha sur le tronc noir du pommier. De ses doigts de lumière, posés sur les branches sombres, naquirent des boutons tendres, puis de petites fleurs blanches, au cœur rose, fraîches comme des sourires d’enfant. La nature, elle, donne toujours un printemps, même aux hivers les plus durs. Lola reprit ses courses dans les sous bois, à en perdre haleine, dans l’air frais des matins verts. Les cours lui semblaient moins ennuyeux. Souvent, des couples de mésanges venaient lui faire la causette, du rebord de la fenêtre. Ou des merles. Une grande pie, parfois, mêlait ses jacassements à la conversation. Les marronniers de la cour du collège apportaient leur obole à l’effervescence générale en lançant vers le ciel des bourgeons gigantesques, luisant de sève et de vigueur.

Un vendredi soir, Monsieur Robert, alors qu’il inspectait les flambées incandescentes du couchant se déchirer sur les haies, pris un air grave :

Lola, demain, je vais avoir besoin de ton aide.

Oui ? S’inquiéta vaguement la jeune fille, qui venait de refermer la porte de l’écurie, après avoir envoyer un bisou en direction de Habélard.

Demain, je vais amener le poulain au grand pré. J’aimerai bien que tu m’accompagnes. Ta présence le rassurera. Tu sais, c’est pour le sevrage. Il est vraiment plus que temps, maintenant. Il a plus de neuf mois. On est très en retard.

Lola dissimula son regard derrière les touffes d’herbe qui persévéraient, tant bien que mal, à s’extirper de la terre argileuse, au pied de l’écurie. Que n’était-elle un bête insecte, insouciant des jours et des nuits, qui se hissait sur ces brins d’herbe, jusqu’à se faire gober par un merle ? Un moucheron minuscule, sans état d’âme, sans pensées tristes, sans lendemains cruels ? Un long sanglot pleurait sans bruit dans sa tête.

Elle acquiesça.

Monsieur Robert lui sourit gentiment :

Ha, je savais que cela te ferait plaisir. Ce sera un grand jour, tu sais ! A demain. A sept heures, hein ! Pas plus tard. Nous partirons à l’aube.

Lola-printemps

Illustration de Coq (c)


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