Radiochographie et cetera…

Publié le 28 novembre 2008 par Wawaa

Jusque là, j'avais limité les dégâts corporels importants de mon accident à une côte cassée et mon sein schtroumphisé. Ce dernier a retrouvé sa couleur d'antan mais boude un peu les secousses, les manipulations pressantes et picote à l'intérieur de temps à autre… Inutile de vous préciser qu'il est absolument impossible de jouer à Pouet pouet camion, la douleur décuplant fortement la puissance de la gifle voire du vif coup de genou droit dans le mil. Ma côte, quant à elle, elle joue les farceuses : je la crois réparée, indolore, quand soudain un mouvement anodin me fait grimacer subitement. Mais on dira que dans l'ensemble, côte et sein vont mieux même si ce n'est pas encore le nirvana mammaire et qu'il est encore loin le jour où je courrai nue sur la plage…


Ce qui m'intriguait ces derniers jours, c'était mon tibia droit. Le jour de l'accident il me faisait mal car il avait bien buté sur le bloc central du tableau de bord. J'avais une sorte de barre rouge en travers de la jambe. Les radios de l'hôpital n'avaient pas montré de fêlure, ni de fracture, ni de fissure, ni de cassure, ni de brisure. Mon tibia endolori était encore tout entier. Mais, depuis quelques jours, le poids de la couverture de mon lit sur cette jambe m'était insupportable, le pantalon m'était désagréable et passer la main légèrement sur ce tibia provoquait une douleur assez conséquente. Et puis, en comparant mes deux jambes, j'ai bien senti cette petit bosse douloureuse. "Bonjour docteur, pourriez-vous me tripoter le tibia ?". Ma généraliste a trouvé ça louche. Et chaud. Bizarrement chaud. Oui messieurs, sachez-le, je suis une chaude du tibia droit moi. Du coup hop, à nouveau radio et en prime pour vérifier le cartilage, une petite échographie. Qui sait ? Peut-être étais-je enceinte du tibia, mon mollet rond pouvant être suffisamment accueillant !


Le lendemain, près une folle après-midi ratée, me voici donc, c'est-à-dire hier, au cabinet de radiologie. Je donne mes papiers à la secrétaire et je vais patienter gentiment avec ma maman dans la salle d'attente. Tout un tas de vieux magazines ressemblant étrangement à ceux de la salle d'attente de la veille sont là pour nous distraire. Exit les vieux Femme Actuelle mielleux et les magazines people obsédés par la première dame de France (j'ai même lu, la veille, une comparaison entre Mme Chirac et Mme Sarkozy, les journalistes n'ont vraiment que ça à foutre !), je me choisis un magazine sur l'art. Arrivée à une page d'art moderne je reste dubitative face à un bracelet couvert de poils -peut-être des poils de chèvres rousses de Patagonie ?-, et d'une veste couverte de verres à moitié pleins et contenant une paille avec un commentaire du genre "c'est hyper trop grave sensuel". Intéressant. Non vraiment, l'art ne s'explique pas !


Tout à coup, une voix m'appelle. Suis-je Jeanne d'Arc ? "Mademoiselle Wawaa, s'il vous plait". Hey, mais c'est mon tour. Je dis "Bonjour" à la madame et je la suis jusque dans la salle de radiologie. J'entame toute seule dans une petite pièce étroite à 3 portes, un strip tease endiablé ou pas. C'est assez flippant ce genre de petite salle. On se dit toujours que n'importe qui pourrait ouvrir tout à coup une des portes. Mon strip se limite à mon pantalon et mes chaussures. J'enlève donc d'abord mes baskets et manque de m'asphyxier et mon pantalon laissant découvrir deux bien beaux mollets bien poilus. J'ai pensé à mettre des chaussettes identiques, histoire de faire classe. J'ai quand même un peu honte parce que mes vieilles basket sentent un peu le fromage passé et par conséquent mes pieds aussi. Oups !


La dame me dit de m'allonger sur la table. BRRRR ! Heureusement que j'ai plein d'poils ! C'est tout froid, je le sens à travers les mailles de mon pull. Mes tétons n'aiment pas ça, ils pointent à outrance. Mes mollets commencent à se métamorphoser doucement en gigots congelés. VLLLLOUUUUUUUUUUUT (je fais bien le bruit de l'appareil de radiologie hein ?), "Tournez-vous, oui voilà, comme ça" VLLLLLLLLLOUUUUUUUUUUUT. "Vous pouvez repasser votre pantalon, je vous emmène dans la salle d'Echographie." Repa…QUOI ? Mais il est pas chiffonné non mais ho ! Genre, et pis elle est où la table à repasser et le super fer à repasser ? Cette expression "Repasser son pantalon" pour dire "le remettre", me surprendra toujours.


Je remets donc mon pantalon dans la petite salle à trois portes, les observant une à une, au cas où quelqu'un confondrait avec les toilettes. Elle revient me chercher et m'emmène dans la salle d'Echographie. "Ma collègue arrive tout de suite, enlevez votre pantalon". Oh hé ho ! (hé capitaine abandonné !) Pas casse-couille celle-là, l'enlever, le remettre, l'enlever, faut se décider ! Je m'assieds sur le lit d'examen et j'attends. La porte s'ouvre violemment, je vois une tête passer rapidement, je dis "Bonjour", mais la porte se referme. Je sais que j'ai du poil mais quand même ! La madame avait dû se tromper. Alors j'attends. Je n'ai pas de montre, pas moyen de savoir combien de temps s'écoule et donc je ne peux pas modérer raisonnablement mon impatience. Je regarde la petite fenêtre en me disant "Quand il fera noir dehors, tu sors en hurlant que t'en as marre de cette journée de merde et que tu voudrais bien être examinée". Le temps était long. Plusieurs fois j'ai passé ma tête à la porte sans aucun effet. Alors je me suis rassise en balançant mes jambes, comme les enfants trop petits pour avoir les pieds qui touchent par terre sur une chaise. J'ai observé autour de moi. Déjà sachez que pour le faut plafond, 42 carrés ont été utilisés. D'autre part, je n'ai pas su compter les barres de la grille des néons lumineux , ça me faisait trop mal aux yeux. Sur un des murs il y' avait un paysage urbain avec la mer. Et à ma droite la grosse machine avec plein d'boutons et les bidules pour échographier, un clavier et tout et tout. NE PAS TOUCHER. NE PAS TOUCHER. C'était pourtant tendant. J'aurais bien joué à "C'est une fille ou un garçon ?" en passant le truc sur mon ventre  ou a "Là vous avez une tendinite aggravée " en le passant sur mon genou ou à "Mais vous avez un alien mutant dans le cou mademoiselle". Mais non je suis restée sage. De temps en temps j'ai fait "pfuzfuzfuz" comme les chevaux en m'disant que j'avais intérêt à avoir un truc marrant sur ce tibia, histoire de pas avoir attendu pour qu'on me dise "vous n'avez rien !".


Puis, enfin, elle est arrivée madame l'échographe. "Bonjour, excusez-moi, je suis en retard, j'ai eu un cas un peu difficile juste avant". Mouais, bon c'est pas grave, dépêche toi, j'ai froid au cul je voudrais remettre mon pantalon. "Alors qu'est-ce qu'elle a cette jambe ?". Froid. "Le tibia est douloureux depuis un accident de voiture, y'a une bosse, on veut vérifier". Elle me répond en me tripotant "Ah oui, on la sent bien la bosse". SPRRRIIIITCH. Du gel tout froid. Elle me passe son bidule et me montre à l'écran : "Les radios ne montrent pas de fêlures, l'os va bien, ici on ne voit pas de déformation du cartilages. Voyez le gris là ? C'est le gras." C'était gris partout, genre j'ai du gras partout, n'importe quoi l'autre hé ! "Là où c'est blanc, c'est le gras écrasé". Trop mignon. "Et là on voit bien la boule qui est en fait une bonne grosse contusion.". Quoi je ne suis pas enceinte du mollet alors ? "C'est très long à se résorber ce genre de coup, il faut éviter de solliciter la jambe". Bah oui bien sûr je vais arrêter de marcher tiens. "Et ne mettez pas de botte, ça pourrait être pire", ce à quoi j'ai rétorqué "J'ai un mollet un peu trop large, des bottes j'en mets pas.". Elle m'essuie la jambe avec trois tonnes de papier , en appuyant bien fort et en m'arrachant quelques poils au passage…trop aimable l'épilation gratuite, puis me dit "Vous pouvez repasser votre pantalon !". MAIS IL EST PAS CHIFFONNE BORDEL ! Laissez mon froc tranquille !


Pendant que je me rhabille, elle sort pour aller rédiger le compte rendu de l'examen. Comme elle revient pas me chercher, je sors, je me casse, je retourne voir ma mère dans la salle d'attente qui devait sûrement croire, depuis le temps que j'étais partie, qu'ils avaient décidé de me scier la jambe pour voir à l'intérieur. Je m'assois avec un air ravi ou plutôt déravi. Je reprends le magazine artistique et tombe sur un meuble qui ressemble pas à un meuble même en tournant la page dans tous les sens. La secrétaire nous appelle, me rend les papiers, me donne une grosse pochette verte avec mes résultats et ALLELUIA, on s'en va.

Et parce que je sais que vous en avez toujours rêvé, voici en exclusivité, rien que pour vous, un gros plan sur mon tibia droit


Alors, heureux ?




Gersicotti Gersicotta
Pondéralement Vôtre