Magazine Journal intime

Chez le bloguiste

Publié le 29 novembre 2008 par Lephauste

Pendant que tu y seras, en remontant si tu pouvais passer chez le bloguiste, je lui ai laissé ma révolte à ressemeler !

C'est ainsi, vous vous commettez à la lourde tache d'aller faire les commissions et au dernier moment alors que la liste est déjà faite : Un pain de deux livres, deux tranches de pis, 3.14, une boite (une demi) de haricots en sauce, des croquettes pour la mémé du dessus, celle qu'a même pas de chat, une flasque de Madère, j'aimerai t'y voir sans, face aux rognons, une boite d'oeufs, un demi de margarine, deux Valstar (t'oublieras pas les consignes !?), une boite d'allumettes (les familiales !), du museau, deux boites et trois litres de Kiravi (je t'ai dit pour les consignes ?), deux de la villageoise et puis qu'il nous livre une caisse de postillon (les consignes ? Elles  sont devant la grille !) ... Vous vous retrouvez à devoir faire un crochet, chargé comme une mule et tintant comme une voiture de pompiers à l'approche de la flambée  des prix du carburant, par chez l'aut'. Le bloguiste, dont tout le monde dans le quartier se demande bien ce qu'il a pour plaire. Mais que tout de même, on dirait qu'il voit du monde dans son gourbis. C'est que mine de rien, il a de l'article pas cher et de qualité bien que parfois, comme dirait la femme de l'épicier : il a le coup de scalpel un peu dérangé. C'est que la femme de l'épicier elle ne s'y rend qu'en douce, chez le bloguiste. Vous comprendrez ça, on est honnête nous, mon père le dis en tous cas et la femme de l'épicier elle y ferait crouler le chiffre à son épicemar de mari si ça se savait qu'en douce elle s'y rend chez le bloguiste ... Il a parait-il une photo en pieds de Jean Marc Rouillan tout nu ! Si ! Si ! Et que voulez vous quand on a été ce qu'elle fut, la femme à l'épicier ...

Vous descendez donc avec le cabas et le panier à bouteilles vides mais plein. Vous avez à peine l'âge de les faire les commissions, rapport à ce que le billet qui froisse dans votre main n'est que le premier d'une longue liste de semblables, petits et jamais en quantité suffisante :

- Tu diras bien à tes parents que la prochaine fois il faut m'apporter le compte juste ! Vous sentez bien que le "voltaire" à plus la cote. Et vous allez de porte en porte, le cabas de plus en plus lourd et pour finir, un vrai calvaire au bout du bras. Une croix avec des poignées qui vous cisaillent les paumes. Les oeufs risquent leur vie à chaque changement de main. Les oeufs c'est pour votre gâteau d'anniversaire, ils le feront pas sans vous.

Puis juste à côté du bureau de tabac du monument aux morts, la voici la devanture du bloguiste, c'est vrai qu'il entretient pas, la vitrine est toute maculée de chiures de mouche anarchiste. Je ne vous décrit pas l'effet, sous certains rapports elles le sont toutes anarchistes, les mouches. C'est même peut-être la seule bête sur terre à l'être et sans effort ... Bzzzzz ! Bzzzzzzzzz ! Vous poussez la porte. Il est là, tout comme je suis à présent dans la lumière grise de l'écran et tape et frappe en artisan concentré,  sur les touches du clavier. Il a la mine de qui porte le deuil de belles idées en solde. C'est vrai ce que la femme à l' ... Elle dit, il a la promotion vaguement enragée et que chez lui ça sent pas la rose ni le Ronsard et encore moins le José Maria de Hérédia. C'est vrai qu'il faut bien avouer que sa révolution sent fort la biffe, personne n'en veut, si ce n'est pour faire chic, même le jour du quatorze Juillet c'est vers l'uniforme qu'on se tourne, nous :

- Tu viens pour la révolte à ta mère ? Faudra repasser, j'ai pas encore reçu la recharge pour la clim.

Je savais bien que ma mère s'en fichait un peu du confort potentiel de la révolte urbaine mais si elle l'avait commandée avec la clim...

- Tu passes pas par hasard par chez l'épicier ? Voilà c'est repartit, le bloguiste aussi trouve que je suis bien serviable alors il me refile un épais port-folio où sont me dit-il les photographies Olé Olé de Marx avec la femme à Bakounine. Du sulfureux qu'il me dit et il me tend une pièce. Tout juste de quoi pour les P4. Alors je me taille, j'aime pas moi, ce type et ses airs de mouche du coche et sa gueule d'avoir l'air de tout savoir sur tout, surtout ce qui ne sert à rien, sur tout.

Et pis je rentre, la nuit vous comprenez, les oeufs sont plus fragiles et sans eux pas de gâteau. Gaffe à la plaque de verglas sous le viaduc. Gaffe ... Trop tard !


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