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« Elle avait quelque chose d’un ange »

Publié le 01 décembre 2008 par Fuligineuse

Plusieurs semaines après avoir vu l’exposition du musée Maillol, j’ai enfin réussi à aller voir Séraphine, le film. J’en suis ressortie enchantée. Quelle beauté, quelle justesse !

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Jusqu’à septembre dernier, je n’avais jamais, je l’avoue, entendu parler de Séraphine, dite « Séraphine de Senlis » (appellation qui, comme le souligne le musée Maillol, reprend l’usage de la Renaissance et a donné des noms d’artistes tels que Antonello da Messina ou Leonardo da Vinci…) La découverte n’en a été que plus forte.

Qui était Séraphine ? Bio (d’après Wikipedia) : Séraphine Louis est née à Arsy (Oise), le 3 septembre 1864. Son père était horloger et sa mère fille de fermier. Elle est orpheline à sept ans. C'est sa sœur ainée qui la recueille. D'abord bergère, elle travaille comme domestique chez les sœurs de la Providence à Clermont dès 1881, puis à partir de 1901 comme femme de ménage dans les familles bourgeoises à Senlis. Le collectionneur d'art Wilhelm Uhde, installé dans cette ville, découvre ses peintures et lui apporte son soutien. Peignant la nuit à la bougie dans un grand isolement, elle accomplit une œuvre considérable. Elle sombre cependant dans la folie et en 1932, on l'interne pour « psychose chronique » à l'hôpital psychiatrique de Clermont où elle continue à peindre (NB : dans le film, elle cesse de peindre une fois internée). Elle meurt à 78 ans, le 11 décembre 1942, dans l'annexe de l'hôpital à Villers-sous-Erquery, dans le dénuement des asiles sous l'Occupation. Elle est enterrée dans une fosse commune. Le musée Maillol à Paris, le musée d'art de Senlis, le musée d'art naïf de Nice et le musée d'Art moderne Lille Métropole à Villeneuve-d'Ascq possèdent plusieurs de ses œuvres.

La peinture de Séraphine est extraordinairement puissante, libre et sensuelle. L’exposition est limitée en nombre (une vingtaine de toiles, essentiellement des compositions florales) mais l’ensemble produit néanmoins une forte impression.

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Séraphine de Senlis : L’arbre de vie (1928)

Le film restitue cette étonnante personnalité d’une femme longtemps baîllonnée par son statut social et qui s’exprime enfin dans sa peinture avec une liberté totale. Loin des codes picturaux, autodidacte, Séraphine invente et réinvente. Elle fabrique elle-même ses couleurs à base de peinture Ripolin à laquelle elle ajoute des ingrédients de son cru qu’elle garde secrets.

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Yolande Moreau est absolument fabuleuse dans le rôle de Séraphine. Il faut la voir avec sa petite pélerine tricotée, ses mèches rebelles et ses gros godillots dont les fers sonnent sur les pavés de Senlis. Séraphine peint la nuit dans son gourbi, la toile posée à terre, en chantant des cantiques. Elle se donne à la peinture avec toute la sensualité de son corps généreux, comme elle se baigne nue dans la rivière, comme elle parle aux arbres. Elle est tout simplement vraie.

Fuligineuse

Biographie par Françoise Cloarec

Source images : affiche et image du film chez Allociné ; image du tableau L’arbre de vie sur le site Patrimoine numérique


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