Vous les connaissez, ces trois singes :
Ne rien dire, ne rien voir, ne rien entendre...
C'est précisément l'esprit de l'excellente nouvelle de Franck Pavloff, Matin Brun.
C'est aussi l'esprit du poème de Martin Niemoller, que je vous reproduis ci-dessous :
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester...
Et c'est ce qui se passe aujourd'hui, avec les journalistes, qu'ils viennent chercher à 6 heures du matin, qu'ils menottent, qu'ils dénudent, qu'ils fouillent au corps, pour une simple petite affaire de diffamation, d'un propos tenu par un internaute sur un forum, pour laquelle Libération aurait déjà gagné, selon ses affirmations.
Alors, qui est responsable ? La juge Muriel Josié ? Non, tout au plus pourrait-elle être qualifiée d'incompétente, et si l'enquête détermine qu'il y a bien eu faute professionnelle, elle écopera d'une sanction disciplinaire, et pourra dire adieu à sa carrière. Les policiers ? Ils font ce qu'on leur dit de faire, personne ne leur demande de réfléchir. Ils sont au service du gouvernement. Le gouvernement ? Non. Les vrais responsables, c'est nous. Chaque fois que nous nous taisons, chaque fois que nous acceptons de voir les autres subir des injustices, et que nous faisons profil bas, en nous disant qu'on a bien de la chance que cela ne soit pas tombé sur nous, chaque fois, nous sommes responsables. Et nous en serons responsables devant nos enfants.
Notre destin est entre NOS mains, pas entre les mains du gouvernement.
Si nous ne disons rien, demain, c'est nous qu'ils viendront chercher.