Que peut-on vraiment espérer du résultat de cette quinzaine socialiste
multimédiatisée ?
Qu’au moins se taisent enfin les idiots qui brandissent leurs calculettes à la
moindre syllabe émise par Nicolas Sarkozy et qui l’accusent de
leur piquer du temps de parole ?
Ne rêvons pas, même si en 15 jours et 15 nuits nous avons bouffé du
PS à toutes les sauces au point d’en avoir éclipsé et le
président, et la crise, et la brioche de Rachida Dati, les
mauvaises habitudes n’ont pas fini d’avoir la vie dure !
Car il serait
surprenant qu’avec la nouvelle équipe, on ait fini par comprendre qu’il ne
suffit pas de vouloir faire taire l’adversaire pour obtenir un vrai statut
d’opposant.
Non, il faut chercher ailleurs.
Ou plutôt, pourquoi chercher ailleurs ?
Le champ de ruine qu’a laissé François Hollande en héritage à
Martine Aubry est un chantier dans lequel mêmes les gravas ont
disparus. La reconstruction est le seul avenir envisageable pour ce parti qui a
balayé jusqu’à ses principes les plus fondateurs pour laisser se développer au
fil des années de détestables querelles de basse-cour.
Gaspillage de temps ou coqs et dindes aux becs surdimensionnés et aux égos
démesurés, ont cru qu’il suffisait de se définir comme les apôtres d’un
président devenu Dieu pour obtenir un passeport pour le firmament.
Il se pourrait donc que ce congrès de Reims reste comme
l’aboutissement de la connerie généralisé au service d’une formation qui se
voulait pourtant la deuxième force politique du pays.
De l’intérieur d’abord, ou ce fut le bal des coups bas et des arrangements
malsains, à l’extérieur ensuite, ou le service d’ordre maison s’est chargé de
montrer aux journalistes une version de la démocratie participative que l’on
retrouve régulièrement dans les meetings de J.M Le Pen ou dans
les manifs de la LCR:
Tensions avec le service d'ordre du PS à Reims
Au lendemain de ce vaudeville, il aurait fallu un miracle pour que le vote qui
en a suivi ne soit pas autre chose qu’une pantalonnade.
Les luttes intestines, le désert de projet et la déculottée présidentielle
laissaient déjà augurer une participation faiblarde de militants dégoutés et
découragés.
Et pour ceux qui ont choisi malgré tout de se prononcer, il leur a fallu
trancher entre une télé-évangéliste exaltée qui continue de brandir son
"râteau" aux présidentielles de 2007 comme un trophée, et une éléphante à la
tête d’un troupeau de mammouths qui en une seule loi a réussi l’exploit de
foutre en l’air tout un pan de notre économie.
Cornélien…
Quand il s’agit de départager l’excellence, les écarts sont souvent infimes. Et
bien il en va de même quand il s’agit de départager la médiocrité, et les 104
voix qui ont fait la différence sont là pour nous le rappeler.
Les gesticulations de Ségolène Royal et de ses lieutenants
pour invalider le dépouillement sont presque anecdotiques tant elles étaient
prévisibles.
Accepter le revers sans sourciller n’aurait pas collé au personnage… Peut-être
même aurions-nous été déçus !
Pas de surprise, tout le monde sait que les mots "défaite", "perdre", "échec"
ou "déroute" ont disparu du vocabulaire usuel de la madone poitevine.
D’ailleurs, la contestation de scrutin, voilà une méthode qu’elle avait déjà
expérimentée avec succès voilà quelques
années.
Quoiqu’il en soit, qu’elle s’en remette ou pas, Ségolène se contentera
de proposer.
Martine, elle, disposera.
Et pourtant…
Si Manuel Vals qui hurle au scandale et au putsch à s’en
égosiller avait un poil de bon sens, il aurait rappelé à sa protégée que si
quelqu’un à tout à perdre dans cette aventure, c’est Martine
Aubry.
Car comme dans n’importe quelle entreprise au bord du gouffre, la première
secrétaire est face à une obligation de résultat. Le PS ne
survivrait pas à un autre chaos de ce type et tous les socialistes le
savent.
Elle sera dans l’obligation d’avancer, donc de faire des choix innovants, de
proposer des projets sérieux, de donner des orientations claires et audibles à
sa politique et de bannir à jamais de son parti cette opposition stérile basée
sur la critique pour la critique dont son prédécesseur perclus de préjugés
idéologiques, avait fait son fond de commerce avec les résultats que l’on
sait.
Et elle devra entreprendre cette révolution vitale avec dans ses pattes la
flopées de fossiles indéboulonnables qui hantent les couloirs de
Solférino depuis des lustres, et qui considèrent que
le seul socialisme qui vaille la peine d’être vécu, c’est le
leur.
Ils ne manqueront pas de lui rappeler leur ralliement quand il a fallu accéder
au poste de premier secrétaire et ne se gêneront pas de calmer d’éventuelles
ardeurs réformistes qu’ils jugeraient trop… réformistes.
Evoluer dans ce panier de crabes ne sera pas une sinécure et prendre le virage
indispensable de la modernisation des idées avec dans ses rangs le gratin d’un
socialisme qui n’existe plus que chez nous, demandera une certaine dose de
volontarisme !
Rien ne sera donc épargné à Mme Aubry qui sera attendue au tournant par
50 % de sa famille politique désavoués, surveillée comme le lait sur le feu par
ses parrains gardiens des archaïsmes, disséquée par une majorité qui n’aura
aucun état d’âme, et pour finir, pilonnée par une candidate déjà en campagne
qui ne s’embarrassera d’aucun scrupule pour tirer la couverture du parti à
elle…
Avec ça…
Et avec un tel "cahier des charges", elle va devoir gérer l’inévitable ballet
des hypocrites et son cortège de trahisons, ou ceux qui l’ont idolâtrée hier se
chargeront de la dézinguer demain pour se mettre dans le sens du courant.
Il lui faudra l’intégrer : le leadership au parti socialiste passe par
l’arbitrage des faux-culs, révélateur s’il en est de sa descente aux
enfers amorcée au sortir de l’ère Mitterrand.
Aucune raison que ne lui soit pas réservé à elle ce que les Dray, Lang,
Bartelone et autre Montebourg avaient réservé à
Ségolène il n’y a pas si longtemps, ces fidèles lieutenants de
campagne qui en même temps qu’ils en vantaient les mérites rédigeaient déjà les
bouquins qui la cloueraient au pilori quelques semaines plus tard…
En résumé, nous avons là tous les ingrédients pour une explosion en vol dont le
PS ne se relèverait pas.
C’est donc une condamnation à réussir pour une Martine Aubry
qui devra avancer sur un terrain miné avec dans son sac à dos, l‘impérieuse
nécessité de faire renaitre une vraie force d’opposition dans un pays qui en a
plus que jamais besoin.
Si elle parvient à s’extirper de ce guêpier infernal en redonnant
quelques lettres de noblesse à son parti, il conviendra alors de s’incliner
devant la performance.
Quant à Mme Royal, il lui reste une quarantaine de mois pour
comprendre qu’elle n’est éclairée d’aucune lumière divine et encore moins
investie de je ne sais quelle mission salvatrice.
Ses grands-messes pour témoins de Jehova lobotomisés, même coachées par un
Dominique Besnéhard larmoyant d’admiration (et pathétique de
ridicule), n’y feront rien.
Les français qui n’en n’ont pas voulu en 2007, n’en voudront pas plus en 2012,
et ce, même si le quinquennat de Sarkozy les a laminés.
Et quand bien même elle y croirait encore, elle croisera le chemin d’un autre
présidentiable autrement plus affuté qu’elle, dont la naïveté et l’amateurisme
bon enfant ne sont pas au programme, et qui lui ne perdra probablement pas son
temps en singeries au milieu d’un stade devant un agglomérat de groupies en
délire et de pseudo stars libertaires.
Et les militants, plus que jamais lassés de numéros de cirque et avides d’une
vraie substance politique, pourraient bien lui accorder un plébiscite.
Ses frasques sexuelles ne seront plus qu’un lointain souvenir et son mandat au
FMI sera sur le point de prendre fin…
2012 pourrait donc bien être l’année DSK.
Souhaitons que Bruno Gaccio, d’ici là, aura eu le temps
d’inculquer à sa madone préférée l’art de prendre les choses avec humour.
Rien n’est moins sûr quand on connait la mentalité du Guignol…