Nathanaël
Le démon ayant manqué cette affaire, usa de feinte neuf mois avant la mort de
Nathanaël et se transforma en petit garçon d’environ dix ans, poussant un âne
qui portait des pains dans une corbeille. Il vint, à la tombée de la nuit, près
de la cellule d’abba Nathanaël, simula la chute de l’âne et se mit à crier : «
Abba Nathanaël, aie pitié de moi et donne-moi la main. » Or le saint homme,
ayant entendu la voix du prétendu petit garçon et ayant entrouvert sa porte,
lui parla de l’intérieur : « Qui es-tu et que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Il lui dit : « Je suis le petit serviteur d’untel et j’emporte des pains,
puisque c’est l’agape de ce frère et, demain, samedi, il faut des pains
d’oblations. Je t’en prie, ne me dédaigne pas, de peur que je ne sois aussi
dévoré par des hyènes, car il y en a beaucoup dans ces parages. » Le
bienheureux Nathanaël resta muet, fort perplexe, troublé intérieurement, et il
réfléchit en se disant : « J’ai à m'écarter ou du commandement ou de mon
projet. » Ensuite, pourtant, ayant conclu qu’il est meilleur pour la confusion
du diable de ne pas ébranler le projet de tant d'années, après avoir fait une
prière, il dit au prétendu garçon qui l’interpellait : « Écoute, mon garçon.
J’ai foi au Dieu que j’adore que, si cela est nécessaire, Dieu t’enverra du
secours et, ni les hyènes, ni un autre animal ne te feront du tort. Mais si tu
es une tentation, Dieu va révéler la chose dès à présent. » Et, ayant fermé la
porte, il rentra. Or, le démon, confus de cette défaite, se déchaîna en ouragan
et en onagres bondissants, fuyants dans une pétarade. Tel fut la lutte du
bienheureux Nathanaël, telle fut sa tactique, telle fut sa fin.
évêque Pallade :
vies
d'ascètes et de Pères du désert