Fermons la parenthèse !

Publié le 02 décembre 2008 par Renefoulon

Voilà deux mois jour pour jour que je n'ai rien écrit ! Je ne vais pas m'étendre sur les causes de cet absentéisme aussi pénible (pour moi) qu'involontaire. Je vais cependant regretter de n'avoir ainsi pas eu le loisir de dire ce que je pensais, au fil de l'eau, des évènements qui se sont déroulés et des réactions dont on a pu être témoins, évènements et réactions qui auraient très largement mérité attention et commentaires de ma part. Beaucoup de mes amis blogueurs l'ont fait. Merci à eux, mais je me suis senti (et je me sens encore) frustré d'avoir été contraint au silence par manque de temps...

Désormais moins bousculé dans mon emploi du temps, je saute sur le loisir qui m'est enfin rendu pour fermer la parenthèse. Je ne reviendrai pas sur ces deux mois d'une intense foire d'empoigne politique, économique, financière et judiciaire, sauf pour dire que mon propos d'aujourd'hui m'a été directement inspiré par ces évènements-là, et qu'il est l'expression de ce qu'ils m'inspirent.

Il faut noter tout d'abord que je n'avais de toute évidence aucunement tort de dire que nous étions à l'orée d'une crise économique sévère et que la crise financière servirait à en masquer les véritables raisons.

Nous sommes malheureusement devant l'évidence que cette crise économique, qui avait commencé bien avant l'éclatement de la bulle financière américaine, est très profonde, bien plus peut-être que nous ne pouvons le percevoir encore aujourd'hui, et qu'elle aura (qu'elle a déjà) des conséquences hautement négatives sur la vie de tous les jours de chacun d'entre nous.

Il est moins évident qu'elle n'a pas pour point de départ la crise financière, et que cette dernière a tout juste "jeté de l'huile sur le feu". Il n'est pas encore évident non plus pour tout le monde que les pouvoirs politiques, partout dans le monde et particulièrement en Occident, s'en servent pour masquer le fait que leurs erreurs en sont la cause principale.

Je maintiens avec beaucoup d'autres que les politiques dirigistes de nos gouvernants, y compris de ceux qui se voient taxés de soi-disant libéralisme à longueur de temps, et je pense particulièrement aux USA mais les états d'Europe ne sont évidemment pas exempts, que ces politiques donc, menées à grands renforts de prélèvements obligatoires, de contraintes liberticides et de réglementations paralysantes, asphyxient les économies, annihilent les initiatives, et sont à la base de la faillite d'une mondialisation qui aurait dû être au contraire la source d'une développement sans précédent sur toute la planète. Seuls certains pays l'ont bien compris, même s'ils n'ont pas encore atteint le niveau de libéralisation souhaitable de leurs économies, et ce sont ceux, comme par hasard, que l'on qualifie à juste titre d'émergeants : la Chine, qui est en train, à trop petits pas, d'abandonner son économie collectiviste et planifiée, l'Inde qui s'ouvre avec bonheur à la liberté d'entreprendre, le Mexique qui copie, malheureusement pour lui, y compris les erreurs de l'Oncle Sam, et même la Russie qui peine à éradiquer les vieux démons de l'ex-URSS mais qui semble cependant sur le bon chemin.

Malgré ce constat évident pour peu que l'on veuille bien examiner les choses de l'oeil froid et impartial du témoin sans préjugés, on entend à n'en plus finir les anti-libéraux de tous poils profiter avec opportunisme de la crise actuelle, et de son traitement par les pouvoirs politiques, pour se vanter d'avoir eu raison de tous temps, pour crier la victoire évidente de leurs thèses, en stigmatisant ce qu'ils appellent la faillite du libéralisme, voire pour certains d'entre eux du capitalisme...

Un mot tout d'abord des interventions actuelles des pouvoirs publics. J'ai déjà dit largement ce que je pensais de l'injection par les gouvernements de capitaux publics dans l'économie. Je maintiens avec force que cet interventionnisme ne peut être que néfaste, pour les raisons que j'ai développées dans mes précédents billets. L'état n'a aucune légitimité à intervenir activement dans la sphère économique ou financière. Son rôle se borne, mais il s'agit d'une obligation incontournable selon moi, à en garantir le bon fonctionnement par l'édiction de règles strictes destinées à interdire les abus et à protéger ainsi les intérêts des citoyens, et par des contrôles efficaces de l'application de ces règles. C'est ce qu'on appelle communément la régulation, et que les autorités ont négligé dans les dernières décennies au profit de la réglementation, qui n'a pas de rapport avec la régulation et dont le but est notamment de profiter fiscalement de l'activité des opérateurs financiers sans souci de la sécurité des investisseurs, petits ou grands.

Mais nous sommes aujourd'hui devant une situation, directement induite par le laxisme que je viens de dénoncer, qui risque de mener à la faillite non seulement certaines banques comme on l'a dit, et comme a pu le constater pour certaines d'entre elles, mais par ricochet des pans entiers de l'économie dont les acteurs (les entreprises) dépendent directement de ces banques, en ce que ce sont elles qui, naturellement, distribuent le crédit indispensable à l'investissement quand ce n'est pas au fonctionnement des dites entreprises.

C'est en cela qu'on ne peut qu'approuver, avec moultes regrets mais avec pragmatisme, le principe des plans de soutien qui ont été annoncés. Même s'il y aurait beaucoup à dire sur leur contenu. A noter que ces interventions de fonds publics dans l'économie ne se conçoivent que temporaires et conditionnels. Les sommes injectées devront être remboursées la crise passée, et elles entraînent de la part de leurs bénéficiaires des comportements "de bon père de famille" comme disait jadis le code civil. La contrepartie de de l'aide publique étant une prise de participation dans le capital, temporaire je le répète, cette participation devrait être le moyen pour la puissance publique de s'assurer de ces bonnes pratiques. Encore une obligation à la charge des états, qu'on ne pourra pas leur pardonner ensuite de ne pas avoir assumée.

Quant au satisfecit des tenants d'une économie de forme collectiviste, je ne peux que leur conseiller d'être un peu plus modestes, et de ne pas penser trop vite qu'ils avaient raison, qu'ils ont raison, ni même qu'ils auront raison un jour. Ce que nous vivons n'est pas du tout la faillite des politiques libertaires (je veux dire par là des politiques respectueuses de la liberté), et encore moins la preuve par l'absurde (ce serait en effet absurde de le penser) que le socialisme (pour enfin prononcer le mot) est la solution.

C'est au contraire le manque de libéralisme qui a conduit à la catastrophe. Encore faut-il se mettre d'accord sur le sens du mot. Libéralisme ne signifie pas anarchie, et liberté ne signifie pas chienlit. Le libéralisme, ce n'est pas l'absence de règles, c'est l'institution des seules règles qui permettent de garantir la liberté et la sécurité des citoyens, et en particulier des acteurs économiques. Etre libre ne signifie pas avoir le droit de tuer son voisin (ni physiquement, ni socialement, ni économiquement), cela signifie avoir les mêmes droits que lui et cela suppose d'être tenu de respecter les siens.

Le respect de cet équilibre subtil est la charge qui pèse sur la puissance publique. Elle est sa seule raison d'être. Le rôle de l'état n'est pas de faire la morale, de penser à la place des citoyens, de les contraindre malgré eux à tel ou tel comportement, même si on pense que c'est mieux pour eux. Le rôle de l'état n'est pas de faire le bonheur de ses administrés. Ils sont assez grands pour savoir ce qu'ils veulent, ce dont ils ont envie et ce qu'ils veulent faire. Le rôle de l'état, c'est de leur permettre de le faire, en garantissant leur sécurité.

C'est ce qui n'a pas été fait sur le plan économique et financier et qui a provoqué la faillite d'un système bancaire dont les dirigeants ont enfreint les règles de sécurité propres à préserver les investisseurs, grands et petits. Au lieu de réguler, les états ont réglementé, et ce n'est pas du tout la même chose. De plus, ils n'ont pas suffisamment contrôlé, ni le bien-fondé des règles édictées, ni le respect de ces règles. Les états ont failli à leur devoir de base : celui de préserver et de garantir la liberté et la sécurité de leurs administrés. Ce n'est pas la faillite du libéralisme, c'est celle du dirigisme. Nuance.

Alors, cessez s'il vous plaît de crier haro sur le capitalisme et ce libéralisme que vous dites exécrer sans même vous donner la peine de comprendre ce qu'il est. Il est temps d'être sérieux et de ramer dans le bon sens. Il est temps de fermer la parenthèse...

CE QUE JE CROIS EST MEMBRE DU RESEAU LHC
                        
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