Bonsoir, Guten Abend, les enfants. Ou bien "ça gaze les relous?", si vous préférez. Oui, je sens que vous préférez. Oh, ça va, faîtes pas vos mijorées, vous lisez des blogs ou bien? Donc vous aimez les insultes (plus ou moins) sarcastiques de vos amis blogueurs, non?
...
Bref.
Comme vous le savez (ou pas) je suis en stage. Comme vous le savez aussi (ou non plus) je suis payé mensuellement d'une fabuleuse somme équivalent au tiers du SMIC. C'est le jeu, je l'accepte même si je ne le trouve pas vraiment normal, et je crois que cela m'a permis d'avoir des expériences intéressantes jusqu'à présent, même si je ne suis pas sûr d'avoir de vocation à proprement parler, en fin de compte... Mais bon, si je résume l'humeur générale, je ne crache pas (trop) dans la soupe.
Sauf que.
Quand on me colle sur un dossier en fin de matinée en me demandant de trouver "des chiffres" je ne peux pas trouver exactement ce qui était demandé (vu la précision de la demande).
Quand je trouve "des chiffres" et que j'essaye de les intégrer de manière cohérente et correctement formulée dans le rendu, ce n'est en aucun cas pour saloper le travail du rédacteur précédent.
Quand on m'évince d'un projet depuis le début et qu'on me colle dessus la veille du rendu, j'espère rencontrer un minimum de tolérance quant à mon manque de connaissance du dossier.
Quand on me lâche à 17h en m'expliquant que je vais devoir réunir sans supervision tous les éléments du projet, pour que DG (pas le même que chez PM, hein, mais un DG quand même) puisse les présenter au client demain matin à l'aube, et que les derniers éléments me parviennent à 20h, j'apprécie modérément de me bouffer des réflexions sur ma réactivité.
Quand je quitte le boulot à 21h45 alors que tout le monde s'est barré et que toutes les lumières sont éteintes, je n'ai pas envie d'entendre que je n'ai pas assez couru après tout le monde, pas assez insisté auprès des gens pour qu'ils m'expliquent un truc qu'ils ne savaient pas...
Bref, j'ai passé une journée de merde, à me sentir comme une sous-crotte, à me ramasser les réflexions acides, les regards agacés et l'impatience communicative de gens que j'admire et dont, quelque part, je veux vraiment devenir le collègue.
Pour la fabuleuse somme d'un tiers de SMIC. En restant jusqu'à 21h45. Sans fayotage. Sans arrière-pensée. Juste avec de la bonne volonté et l'envie d'être utile. Mais avec la sensation d'être le larbin et l'exutoire des gens.
C'est dommage, parce qu'à force d'expériences plus ou moins ratées au sein de ce petit monde des "vraies grandes personnes" (pas la bonne structure, pas le bon boulot, pas le bon boss, pas la bonne place...), ma foi dans le monde du travail vacille à petit feu. Essayer suffit rarement, réussir est une consolation qui s'effrite en quelques heures...
Non, vraiment, il ne va plus tarder à me falloir de la thune pour motivation...