Magazine Journal intime
la larme l'emporte
Publié le 03 décembre 2008 par OhlebeaujourAu Jour de Fête, hier soir, nous avons slammé. Pétunia a apprivoisé Jikabo (ou bien est-ce l'inverse?). Ce kilo neuf cents grammes de tendresse s'est endormie dans les bras du slammeur au feutre noir.
Puis j'ai dit le texte que voici: « Larme
ce texte est composé d'un millimètre cube d'eau et de quelques sels minéraux.
La larme perle gauchement au coin de l'oeil droit. Elle y scintille un instant, en équilibre, puis, brusquement coule, soudain ternie. Elle glisse, humecte les marbrures du cerne, mauves pastel, y laisse une dentelle brillante, comme une limace sur une aubergine livide. Parvenue en haut de la pommette, la larme hésite, stationne en suspens, puis résolue, se lâche et poursuit sa descente. Elle se perd dans la poussière terreuse qui macule la pommette et semble la boire. Mais obstinée, la larme l'emporte, elle y creuse un petit sillon clair, tendre et délicat comme une jeune pousse, elle se charge de cette poussière qui la colore et la leste - ses alluvions. Au bas de la pommette, la larme rencontre une ride, sur laquelle la vie n'a pas été de main morte, et qui la fait obliquer. Docile, la larme suit sa diagonale, jusqu'à mouiller la commissure des lèvres. Un coup de langue rapide, un sourire, la feraient disparaître. Il n'en est rien. Elle file déjà vers le menton, abruptement s'en détache et tombe s'évaporer sur l'asphalte brûlant.
Un homme a pleuré. »
Texte de Jikabo.