La première ( gballand )

Publié le 04 décembre 2008 par Mbbs

Il fallait qu’il la rencontre. Au début,  une idée désintéressée, un simple regard sur le chemin à mi-parcours, un avant-après toujours séduisant lorsque l’âge ne se porte plus mais se supporte, puis l’idée s’était imposée pour devenir nécessaire, impérieuse ! Depuis 20 ans il n’avait eu aucune nouvelle d’elle, mais maintenant, il voulait la voir en chair et en os, savoir ce qu’elle faisait, où elle vivait, avec qui, si elle avait des enfants et pourquoi…mais pourquoi…

Le pourquoi lui restait en travers de la gorge. Il ne se rappelait plus pourquoi elle avait voulu rompre avec lui. L’histoire ne se voit jamais de la même façon si on abandonne ou si on est abandonné. Avec quel acharnement il  la couvrait de messages, tous aussi obstinés les uns que les autres : “ Pourquoi ne pas nous voir juste une fois ? ” ou “ Nous aurions tellement de choses à nous dire… ” ou “ Que de malentendus entre nous… pourquoi ne pas les éclaircir ? ” Ou, plus passionné, “ Où tu veux, quand tu veux ! ”.

  Pourquoi ne lui répondait-elle pas ? Son imagination, d’ordinaire si conventionnelle, se projetait, impitoyable, sur le personnage qu’était devenu la première femme connue. La première, le premier élément du puzzle, celui qui détermine la place des autres, l’achèvement de la fresque… ou son inachèvement.

Comme sa vie de couple devenait terne, morose, insipide, mijotant dans la cocotte minute d’une famille qui  le décevait - l’ennuyait même – loin des bonheurs qu’il avait convoités dans son  illusion de  félicité familiale, il lui fallait revenir à la première. Il voulait la voir,  retrouver le premier émoi, le premier mensonge.