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L'heure c'est l'heure

Publié le 05 décembre 2008 par Bloulou

En ce vendredi après-midi, je termine une lettre que je dois expédier en urgence. Je vais donc à la Poste à deux pas de chez moi. Il est seulement quinze heures trente. J’estime que j’ai encore le temps puisque la levée du courrier se fait à seize heures précises. L’accès à l’agence est difficile. La file devant moi est longue, très longue. L’odeur de la sueur et des parfums mélangés me donnent la nausée. Mais, je n’ai pas le choix. Mon courrier doit partir impérativement ce soir. Je patiente, donc, comme je sais le faire. C’est-à-dire en regardant la pendule qui me nargue toutes les deux minutes. Mes yeux vont de l’horloge aux quatre guichets. Sur ces quatre guichets deux seulement sont ouverts. Je me demande bien pourquoi vu l’affluence qui règne ici, l’effectif est si réduit. Mais, à quoi bon se poser des questions. Nous sommes à la Poste et non à Eurodisney. Le temps s’écoule dans un rythme lent, il est seize heures moins trois minutes. Soudain, un guichetier se lève et crie : « nous allons bientôt fermer ».
Dans la file qui n’a pas diminué, je regarde l’homme s’affairer, non à écouler la clientèle, mais à ranger ses petites affaires. Nous n’avons pas bougé d’un millimètre et déjà tout se fige derrière le comptoir. Je bous intérieurement. Je maudis l’administration qui ne fera pas de minutes supplémentaires. Les gens dans l’attente hurlent au scandale, sont complètement hystériques. Je ne participe pas à ce tohu-bohu. Après tout cela servirait à quoi de s’égosiller ?
Telle une bouilloire en ébullition, je sors de l’agence postale ma lettre à la main. Je soupire d’avoir attendu pour rien. Bon, ce n’est pas très grave, je reviendrai demain…
La foule est sortie de la Poste dans un état d’énervement extrême. Je regarde tout ce monde sans les voir…mon œil est attiré par autre chose…Et du coup, c’est moi qui ait envie d’hurler. Mon courrier ne partira pas le lendemain :
Sur les portes coulissantes de l’agence, qui viennent de se fermer, une affiche blanche est collée sur la vitre. On peut lire l’inscription suivante : « Demain, fermée pour cause de grève ! »
Laura Mare

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