DANGER : ACOUPHÈNES
C’est comme un gargouillis
De jets d’eau qui ruissellent
En affaiblissant l’ouïe
Dont l’étrier chancelle
Sous un torrent d’aigus
Aux sifflements cruels
Hurlant en continu
Ce qu’un écho martèle.
L’oreille n’est plus qu’un nid
D’où cet oiseau de proie
Vocifère à longs cris
Un air qui la foudroie
Tétanisant son arbre
Atteint par le chagrin
Auquel le froid du marbre
Ajoute à son déclin.
Sur l’enclume assourdie
De giboulées sonores,
Le silence interdit
Y noie l’étrier mort
Qui sous la chevauchée
Des bruits qui caracolent,
N’a pour être sauvé,
Qu’un tympan qui s’affole.
Au fin clocher, bourdonne
Un angélus éteint
Tandis que se maçonne
Un mur absent d’humain
Au pied duquel personne
N’ira auditionner
Ce que les sons fredonnent
Aux entendants choyés.
Et dans le jour meurtri
Par le soir qui l’étreint,
Ma tête est un roulis
De clapotis sans fin
Dont la fréquence extrême,
L’inanité des soins
Font que le fort en thème
Y perdra son latin.
Et les soignants eux-mêmes
La croyance en leurs mains.
Antoine Richard
1er janvier 1995