Diadorim

Publié le 08 décembre 2008 par Domino

Alors lui il est là qui ne comprend rien.
L'absence et la suffisance ça ne construit pas l'amour, ni aucun sentiment dans un coeur équilibré, ça construit le détachement, et aussi la lassitude devant les trucs de lycéen qu'il emploie pour se faire croire qu'il a un pouvoir.
Voilà ce billet-là je lui donne ton nom comme ça tu sauras qu'il est pour toi.
Comment t'expliquer ? Mon jeu préféré quand j'étais au lycée c'était de faire comme toi : un jour oui, un jour non, dix jours silence, jamais d'explications.
J'avais bien lu La Femme et le Pantin.
En sortant du lycée je suis tombée amoureuse comme jamais (puisque jamais avant bien sûr) d'un garçon pas très bien…
Avec sa tête de Rimbaud à boucles noires, je vivais dans la terreur qu'une plus jolie ne me le prenne.
ça a duré longtemps, on est parti habiter à la campagne comme des idiots de jeunes gens fêlés qui ne veulent qu'une chose : être tous les deux.
Après ça il n'y a plus rien eu qui a compté, des petits amis à la pelle ; l'ennui du tête à tête, la préférence pour les copains…
Puis un jour tu tombes sur un malade un vrai. Un qui déraille sévèrement. Deux ans avec lui mais quelque chose comme trois ans à s'en remettre. Trois ans ce n'est pas si long quand on fait le métier qu'on aime, qu'on sort tous les soirs, qu'on s'alcoolise sévèrement, qu'on part en tournée avec ses groupes, qu'on s'investit passionnément. À un moment tu fréquentes quelqu'un mais il s'attache, et là bof, c'est plus trop marrant.Tu te remets ensuite avec un garçon qui t'ennuie comme un lexomil, au début c'est rigolo on sort tout le temps ; monsieur joue dans un groupe de rock, il traîne une bande de garçons qui te font rire, et comme tu as grandi tu ne jalouses plus les autres filles. Mais lui, il a beau monter sur scène et faire hurler les jeunes filles il finit par t'ennuyer aussi.
Être amoureuse décidément c'est une sorte de mirage. Puis un soir tu es avec ton guitariste dans une salle de concerts, et ta soeur te dit tiens je ne t'ai pas présenté X. Tu tournes la tête et c'est une sorte de mirage fuligineux et hollywoodien, le coup de foudre réciproque, avec le ralenti et tout le tralala.
La soirée passe comme un rêve, tu ne sais même plus que ton guitariste existe.
D'ailleurs il faut à peine une semaine pour faire table rase de cette histoire lourde et t'engager sur le chemin de tout ce bonheur électrique.
Ensuite hé bien élever un enfant seule sans savoir de quoi le lendemain sera fait ça use, on a plus envie de plaire, on a d'ailleurs plus du tout envie de sortir. Un jour on sort, c'est le printemps, il fait si chaud, on arrive hors d'haleine à un rendez-vous et on tombe sur un jeune homme super chouette.
Mais ce n'est pas le moment.
Un jour on ne sort plus ; on est barricadée dans l'inertie, on déraille même sévèrement, et quelqu'un vient là, ici ; se faire remarquer.
Alors on lui dit tiens, toi tu es un petit malin.
Et puis ce petit malin engage le dialogue et vous sort tranquillement de votre inertie, sans jamais rien forcer. Il arrive même à vous faire rire.
Et puis ça dure longtemps comme ça, tous les jours on se parle, on se dit oh c'est que j'y tiens à ce petit malin.
On le rencontre et c'est bien.
C'est bizarre mais c'est bien.
Et dès le lendemain, il vous prend pour un pantin. Il vous semble que parce que vous saisissez sa logique, vous pouvez ne pas basculer dans ce jeu.
Le jour où vous vous rendez compte que ça ne vous fait plus rien, que ce que vous avez pris pour de l'attention, de l'affection, c'était juste de la manipulation… Vous lui dites simplement.
Et il répond les mêmes absurdités avec son intelligence brillante mais cruelle, avec de grandes oeillères noires. Vous voyez qu'il vit dans sa bulle, que vous êtes un objet sans réalité, que les seuls sentiments qu'il éprouve sont à son propre sujet et dans un grand travelling très rapide vous voyez que c'est ainsi depuis le début.
Et du coup, on se sent libre parce qu'il n'y avait rien à sauver de tout ça, et on réécoute Devendra Banhart en entier, décidément Smokey Rolls Down Thunder Canyons c'est un très bon disque :