Ces souvenirs-là se rapportent surtout au petit écran qui, à cette époque, puisait abondamment dans le patrimoine hollywoodien à 20h30. Un petit clin d'oeil amical à Monsieur Eddy et à sa Dernière Séance en passant... mais pas que. Il y avait aussi les films qui passaient à Noël (essentiellement de merveilleuses comédies musicales), parfois trois en une soirée et plus généralement les après-midi des jours fériés. Voilà pour la séquence nostalgie.
Premier spécimen de la deuxième salve : Les Vickings qui, vous l'aurez remarqué, continue de passer sur nos chaînes hertziennes. Il y a des mystères qui s'expliquent très bien. C'est tout simplement l'un des meilleurs films de cape et d'épée (si l'on peut dire) de cette époque. Deux frères, Kirk Douglas jouait le méchant et Tony Curtis, le gentil. Le méchant était horripilant, odieux, violent. Avec le recul, il avait tout de même son charme, mais pas à l'époque, pas pour moi qui avait pris fait et cause pour le gentil. Pour se venger de toutes les bassesses qu'il était obligé de subir, le gentil lâchait sur lui un aigle qui lui dévorait l'oeil et le rendait borgne. Pour les Vickings, il n'y avait pas de déshonneur plus grand que de ne pas mourir l'épée à la main, et la scène la plus impressionnante reste celle où le père des deux héros se jette dans la fosse aux chiens, l'épée à la main, en criant le nom d'Odun. Impressionnant, inoubliable
Tarzan, c'était le film qu'on adorait regarder le mardi soir et qu'on se racontait le jeudi matin dans la cour de récré. Il y a eu plusieurs films, dont je ne me rappelle plus les titres. Je pourrais les chercher mais ce ne serait pas drôle. Je me souviens du premier, très impressionnant, quand les explorateurs avancent dans la jungle avec leurs serviteurs portant leurs innombrables baggages et l'un d'entre eux tombant d'une falaise. Epouvantable. Tarzan, tout compte fait, c'était la transposition de la famille américaine moyenne. Le modèle parfait à suivre. Je me souviens aussi que Tarzan à New-York était carrément risible. Mais Jane était bien belle.
Cultissime et inévitable au même titre que Les Vickings, LE Robin des Bois avec Errol Flynn. Même si son jeu peut paraître "trop" parfois ou démodé, cela passe tout de même encore très bien. Je trouve même qu'il y a du James Bond dans ce Robin des Bois. La seule chose qui cloche dans ce film, c'est la coiffure de l'héroïne, vraiment moche.
Le Tombeau Hindou. Vraiment impressionnant quand on n'a que 8 ans. Ce film allemand, et non hollywoodien, de Fritz Lang est la suite du Tigre du Bengale, tout aussi impressionnant, mais aussi chatoyant dans les couleurs, exotique à souhait, enivrant d'aventures et de rebondissements, avec une histoire d'amour contrarié. Je ne me souviens plus trop de l'intrigue, ce sont surtout quelques scènes qui me restent : la chemise tâchée de sang que l'on rapporte aux amis du héros pour leur expliquer qu'il a été tué par un tigre, la jeune servante hindoue sommée d'entrer dans la malle d'un magicien pour qu'il la transperce d'épées, le silence... et le sang qui coule de la malle, la fosse où le héros est retenu prisonnier avec des lépreux affamés. Digne d'Hollywood.
Mary Poppins, un rêve éveillé. La fantaisie, la féérie à chaque plan, la surprise et l'émerveillement qui étreignent sans jamais lâcher mon coeur d'enfant.
Pourquoi tout le monde décrit tant cette pauvre Angélique ? Parce qu'elle a fait, et continue, à faire rêver des générations de petites filles ? Parce que la pauvre femme vit des aventures aussi mouvementées qu'improbables ? Parce que les films étaient accompagnés d'un léger parfum de souffre à l'époque avec une actrice qui passait la moitié du temps à moitié nue ? Parce qu'elle était nunuche ? Et justement non. Angélique est au contraire un caractère féminin très avant-gardiste, sans être féministe. Elle tient tête aux hommes même si elle n'hésite pas à user de ses charmes pour parvenir à ses fins. Et c'est Pascal Jardin qui a écrit les dialogues, et on raconte que comme ça le gonflait, Angélique, il lui a fait dire des tirades entières extraites des mémoires du Général de Gaulle. De plus, c'est un film français à grand spectacle. Extrêmement rafraîchissant.
Le must du film comique américain. Prenez un sex-symbol hollywoodien, un acteur en haut de la vague, un comique génial et un réalisateur réputé être le roi de la comédie. Shakez bien, avec un peu de chance vous obtiendrez Certains l'aiment chaud (Some like it hot, j'adore ce titre). De l'érotisme bon enfant, des dialogues mordants, des situations cocasses, une Marilyn glamour et drôle à la fois, un duo comique avec Tony Curtis et Jack Lemmon qui se frottent à la pègre de Chicago, l'occasion de parodier les films de gangsters, voici les ingrédients de cette hilarante comédie qui vaut surtout pour nos deux compères, transformés en Daphné et Joséphine, et l'adorable Alouette (Sugar en VO). Un régal éternel.
L'émerveillement fait dessin animé. Le Cendrillon de Walt Disney est une bulle de délicatesse, de charme doux, un réel enchantement dans mon souvenir.
Je n'ai pas saisi toute la portée humaniste de Bambi la première fois que je l'ai vu au cinéma. J'avais entre 6 et 7 ans. Un magnifique conte de vie.
Sissi, c'est le pendant autrichien d'Angélique. En un peu plus bubble-gum tout de même. Avec le recul, Romy Schneider y est tout à fait tarte. Mais on ne discute pas avec les souvenirs d'enfance.
Très bon film, qui vaut surtout pour sa distribution. Ava Gardner au sommet de sa beauté, un Robert Taylor très chevaleresque, une histoire merveilleuse. Un film qui constitue une approche géniale à l'oeuvre du Moyen-Âge, véritable sésame de tout un univers.