Un instant, Lola laissait son regard s?????vaporer vers les cavaliers, qu???elle distinguait en contrebas de Fausses-Reposes. Les montures souples glissaient sur l???herbe, l??g??res comme des oiseaux. Les couettes des filles, sous les bombes noires, sautillaient avec gr??ce dans l???air dor?? de septembre, accompagnant l???insouciance de leur jeune ??ge.
Agathe-Agla?? lui proposa de s???inscrire ?? l???association sportive, dont elle assurait les entra??nements d???athl??tisme. Lola accepta, ??mue qu???un professeur, pour la premi??re fois de sa vie, s???int??ress??t ?? elle, pour ce qu???elle ??tait, et non pour ses pi??tres r??sultats scolaires. Elle oublia les chevaux et s???en revint au coll??ge, un peu plus guillerette que d???habitude.
Les entra??nements du mercredi se d??roulaient au stade Montbauron. La premi??re fois, Lola s?????tonna de la masse imposante des lourds gradins de b??ton, qui s?????tiraient sous la grisaille, vides. Impressionn??e, frileuse sous le vent qui parcourait la piste rouge et mouill??e, elle marchait en frissonnant, ?? la sortie du vestiaire, cherchant des yeux Mademoiselle Fran??ois. La pelouse rase, d???un vert magique, lui semblait surnaturelle. Agenouill??e, elle caressait de ses paumes l???herbe humide, semblable au carr?? de gazon du coll??ge. Une herbe drue, serr??e. Puis elle palpa le tartan de la piste, surprise de cette ??lasticit??, qui lui rappelait les trav??es argileuses des chemins creux, qu???elle avait si longtemps parcouru dans son bocage.
Lola ! Lola !
Agathe-Agla??, ?? quelques m??tres de l??, lui faisait de grand signe de la main, toute souriante, au milieu de la petite troupe qu???elle animait. Lola ne reconnaissait aucun de ces adolescents, filles et gar??ons, qui l???accompagnaient. Mais elle se joignit ?? eux de bon c??ur, heureuse de participer ?? une activit?? pour laquelle ses jambes la d??mangeaient. M??me si les premi??res foul??es sur ce sol ??trange, synth??tique, lui parurent d??sagr??ables. La terre et l???argile lui manquaient. Le contact n?????tait pas le m??me sous ses pieds. Mais la brise humide, le chant des semelles dans les flaques, puis l???envol du corps, au fur et ?? mesure des tours de pistes, cette sensation si douce des poumons qui s???entrouvrent, du c??ur qui s???acc??l??re, des pores de la peau qui s?????carquillent, et des pens??es qui vagabondent, rythm??es par la seule m??lodie des talons sur le sol, bien vite cette r??gularit?? infinie, apaisante, porta Lola loin de tout ennui.
Illustration de Coq (c)