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Un samedi d’octobre

Publié le 11 décembre 2008 par Unepageparjour

Début de Habélard et Lola

Un samedi d’octobre, pluvieux, Agathe-Aglaé emmena sa nouvelle protégée au Challenge d’Automne, un mini-cross organisé dans les bois de Fausses-Reposes. Inquiète, à demi dissimulée derrière le tronc noueux d’un vieux chêne, Lola regardait la foule adolescente, chaussée de running dernier cri et vêtue de maillots fluorescents. Ils venaient de toute l’Ile de France, lui avait expliqué mademoiselle François, de Bretagne et de Normandie, aussi, voire de Picardie. La fine fleur des jeunes coureurs ! Lola partit avec une boule dans le ventre. Les autres coureurs s’élançaient comme des bombes. Ils en venaient de tout côté, qui déboulaient à toute vitesse, à droite, à gauche, des garçons, des maigres, des noirs, des gros, des filles, des blancs, tous différents, mais tous identiques, soufflant plus fort que des trains. Au bout de cinquante mètres, Lola pensa s’arrêter, un point de côté violent déchirant ses flancs, l’air en fusion brûlait ses poumons, ses jambes ne la portaient plus. Le chemin escarpé, entrecoupé de racines sournoises et de flaques d’eau furtives, semblait rire sous ses maigres foulées, amusé par ses virages ironiques qu’il se plaisait à prendre entre les troncs surbaissés et les taillis gorgés d’eau. Puis Lola serra les poings. L’image de ses courses débridée avec Habélard montait à son esprit. Habélard. Elle reprit petit à petit le terrain perdu. Déjà, certains rendaient l’âme, appuyés sur un tronc, crachant, toussant, éreintés d’avoir cru en des forces illusoires. Lola revenait. Elle entendait dans sa tête une musique légère, des galops rapides, le chant des sabots suçant la glaise humide. Une dernière montée. Elle distinguait déjà le fil rouge de l’arrivée. Un sang chaud la parcourait tout entière. Elle accélérait, rattrapant des filles essoufflées, des garçons au visage rouge. Une grande fille, devant elle, lui barrait la route. Elle pensa la doubler, mais elle se retrouva par terre, roulant dans la boue. L’autre continuait, sans se retourner. D’autres passèrent encore, écrasant ses mains. Avec peine, elle se releva, le regard noyé de rage. L’arrivée franchit, elle sentit Agathe-Aglaé qui l’enveloppait dans une couverture de laine douce.
 
Vingt-huitième ! Vingt-huitième ! C’est génial, la rassurait-elle. Pour ta première course.

C’est nul, oui ! Lola sanglotait presque.

Mais non ! Tu vas voir, je vais t’apprendre à allonger ta foulée. Je vais t’apprendre à dompter ton corps, pour que ta force sauvage jaillisse au bon moment, comme un élan brut, invincible, qui t’emmènera grimper sur les podiums.

La première course de lola

Illustration de Coq (c)


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