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La Grèce de McCabe

Publié le 13 décembre 2008 par Fuligineuse

Depuis quelques jours, la Grèce est en proie à des troubles dont on ne peut prévoir l’issue. La crise économique mondiale est venue se greffer sur un malaise social déjà vif, elle a exacerbé les difficultés que rencontrent les jeunes Grecs pour arriver à gagner leur vie de manière correcte. Ce sont eux qui sont descendus dans la rue pour dire leur rejet d’un gouvernement corrompu et indifférent, d’une société qui ne leur laisse pas la place d’exister. Bon, je n’ai pas trop envie de parler de tout cela (qui me préoccupe au demeurant), cela se lit dans tous les journaux.
Il ne s’agit pas d’oublier les problèmes du temps présent pour se réfugier dans la nostalgie, mais d’apprécier la vision humaine et chaleureuse d’un de ces visiteurs que la Grèce a charmé et retenu il y a quelques décennies. Quand on aime la Grèce, comme moi, on ne peut qu’être heureux de découvrir l’exposition – à la galerie Sit Down, dans le Marais – des photos de Robert McCabe, judicieusement titrée « le temps de l’innocence ». Lorsqu’il les a réalisées (pour l'essentiel en 1954-55), la Grèce sortait de la guerre civile, elle n’était pas encore tombée sous le joug des colonels. Par la suite, McCabe a épousé une Grecque et il partage son temps entre New York, Athènes et Paris (lucky man !)

auportastipalaia1963photographieder.jpg Au port d’Astipalaia, 1963 Source : Revue Photographie


« Cette exposition est une invitation à découvrir un photographe dont le nom est pour ainsi dire inconnu en France, écrit Gabriel Bauret dans sa présentation. C’est en effet la première fois que Robert McCabe expose à Paris. Alors qu’il a montré à plusieurs reprises ses photographies en Grèce, où il réside aujourd’hui une partie de son temps et où il a déjà édité deux livres sur ce pays.
Les images qu’il dévoile ont pour la plupart été réalisées dans les années cinquante. (…) L’exposition révèle une oeuvre qui n’a rien d’avantgardiste, ne revendique aucune démarche originale. (…) Elle appartient tout entière à travers la réalité qu’elle décrit et, dans sa forme, aux années cinquante. Il faut la considérer dans son rapport à cette époque, aux photographes publiés dans les pages de Life ou de magazines de photographie tels que U.S Camera Annual, au sein desquels Robert McCabe trouve ses modèles.
Les images subliment ce berceau de la culture occidentale qu’est la Grèce, exaltent ses valeurs et ses traditions. L’intérêt documentaire du travail de Robert McCabe, dont l’appréciation est évidemment liée à un fort sentiment de nostalgie, est indéniable : dans leur généreux format carré, les photographies fourmillent de détails et révèlent un pays qui revêt alors un caractère extrêmement rural, une Grèce antique qui n’a pas encore été livrée au tourisme de masse. Robert McCabe y croise une société souvent pauvre, mais toujours digne. Il nous montre l’Acropole qui n’est pas ceinturée, comme elle l’est aujourd’hui, par la ville. (…) Quant aux paysages, ils sont ici livrés dans toute leur pureté. L’horizon marin et la lumière n’ont nulle part ailleurs d’équivalent et la représentation qu’en donne Robert McCabe, dans un noir et blanc précis et nuancé, souligne un peu plus encore leurs propriétés visuelles si exceptionnelles. »

Un bonheur à voir. C’est jusqu’au 17 janvier 2009.
Fuligineuse


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