Celle d’un monde qui à l’approche des fêtes de fin d’année hésite, comme d’habitude, entre jubilation et contrition. Car Décembre est le mois de la double célébration. Non pas celle du Mouton et de Jésus, mais celle de l’opulence et de la misère. Nos boîtes aux lettres, comme les journaux télévisés, sont des millefeuilles où se superposent appels à la consommation (catalogues de Noël, vitrines de Grands Magasins, offres de crédit facile, etc.) et appels à la contrition (mailings des associations caritatives, Téléthon, reportages sur les SDF qui meurent de froid, etc.).
Lequel est censé mieux faire passer l’autre ? Je ne sais pas vraiment, mais cette morale purement chrétienne me fatigue.
Vivre = pécher. Prier = se racheter.
Réfléchissons-y bien : tout ou presque dans notre société est bâti sur cet alternat réducteur et humiliant.
Et quand on voit que par ailleurs le débat politique de cet hiver concerne l’alternative dominicale qui se résumerait à « Eglise de la Contemplation » ou « Temple de la Consommation » …
Il y a pourtant de la place pour une spiritualité non dogmatique, une transcendance non religieuse.
Il doit exister existe une transcendance laïque, qui émancipe l’Homme.
Une transcendance qui libère, là où la transcendance religieuse écrase.
Une transcendance spirituelle, là où la transcendance religieuse se confit dans l’hypermatérialisme.
Une transcendance qui apaise, là où la transcendance religieuse oppose.
Cette transcendance laïque pourrait être l’expression ultime d’une religion (au sens premier : « ce qui relie ») civile à inventer. Pour permettre à l’Humanité de passer du stade de l’immaturité au stade de la civilisation.
Pour ne plus avoir comme références suprêmes des mythes morbides, comme le pécher originel d’Adam et Eve, le combat fratricide d’Abel et Caïn ou le sacrifice du fils d’Abraham.