Le guide du bien mourir - Debra Adelaide

Publié le 14 décembre 2008 par Anaïs Valente

"Le dimanche, on lit au lit"

Ce qui frappe immédiatement en voyant ce livre, c'est le contraste incroyable entre son titre, un tantinet sordide, et sa couverture, hyper colorée, malgré le crabe symbolique qui la décore.

Le pitch : Délia, 40 ans, mariée, heureuse, mère de deux filles, est auteure de guides pratiques à l'usage des femmes.  Lorsqu'elle apprend qu'il ne lui reste que quelques semaines à vivre, elle décide de se consacrer à la rédaction de son dernier guide : le guide du bien mourir.

Vous comprendrez immédiatement pourquoi, moi, en grande hypocondriaque devant l'éternel, j'ai choisi de lire cet ouvrage : passque son héroïne écrit des guides pratiques.  Ça ne vous rappelle personne ?  Non ?  Cherchez bien...

Ce que j'ignorais, par contre, c'est qu'au-delà de l'humour, présent dans tout le livre, j'allais être confrontée à un ouvrage qui chamboule, qui tourneboule, qui rend maboule, parfois (faut bien que ça rime, dis-je).

Le début est un peu fastidieux : il mélange des flask back à diverses périodes de la vie de Débra et sa vie actuelle.  De quoi y perdre son latin, ou plutôt son chemin.  Mais petit à petit, je me suis attachée à Débra, à ses souffrances, ses espoirs, à son passé douloureux vers lequel elle retourne, comme pour un dernier adieu, à son époux et ses enfants, au livre qu'elle rédige afin que les mourants apprennent à « bien mourir ».  J'ai ri lorsqu'elle a monté son propre cercueil.  J'ai frémi d'horreur lorsqu'elle a préparé un repas bien particulier pour ses proches ;  J'ai pleuré lorsqu'elle a retrouvé, enfin, quelqu'un issu de son passé lointain, un ultime hommage à son fils. 

La mort est présente tout au long du livre.  Vraiment présente.  Parfois trop présente, mais c'est son but.  J'avoue que durant les deux semaines qu'a duré ma lecture (je ne lis que dans le bus, ce qui ralentit lourdement ma cadence, cela va de soi), je n'ai cessé de penser au livre, à son message, à la vie qu'il raconte, à la mort qui guette.

Après avoir, non sans émotion, lu la dernière page, j'en étais encore à me demander à qui conseiller ce livre :

Aux malades ?  Et si ça les déprimait encore plus de savoir tout ce qui peut leur arriver ...

Aux bien portants ?  Et si ça les rendait malades d'angoisse...

Aux mourants ? Et si ça les poussait plus rapidement à la rencontre de la grande faucheuse...

A tous.  Ce livre est à conseiller à tous.  Car il est, incroyablement, plein de vie et d'espoir.  Car il remet les choses à leur place.  Il fixe les priorités.  Il émeut, parfois.  Il choque, parfois.  Il fait rire, parfois.  A ne pas lire, cependant, si vous êtes encore plus hypocondriaque que moi (difficile, mais possible), si vous n'aimez pas le boudin noir (ceux qui l'ont lu comprendront mon message) et si la simple vision d'un crabe à la mayonnaise vous fait découvrir des boules suspectes dans tout votre organisme (ce qui est mon cas, mais j'ai bravé l'aversité et lu jusqu'à la dernière page).

Voilà, rien d'autre à ajouter, si ce n'est que ce livre m'a marquée à vie.  C'était sans doute son but.