Reproches? (MBBS)

Publié le 15 décembre 2008 par Mbbs
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On a pris notre café sur la galerie et on est restées là, sans rien dire, à regarder le paysage. Elle ne voulait pas parler, moi non plus, alors l’horloge du temps s’est mise à tourner, minute après minute. J’ai pensé, je ne sais pourquoi, à la tortue qui avance lentement mais avance tout de même pour enfin atteindre son but. Donc j’ai attendu, j’avais tout mon temps, du moins j’avais décidé de le prendre, je me suis calée sur mon fauteuil et j’ai siroté ce café qui refroidissait. Elle avait entouré ses épaules d’un châle gris, était habillée d’une robe de chambre grise elle aussi et la seule touche de couleur décorait ses pieds, petites mules d’un rouge vif agrémentées d’une fleur en feutre. Ses cheveux peignés en arrière dégageaient son front et montraient d’elle un visage que je ne connaissais pas ; à la fois serein et dur, dépendant des images et des pensées qui s’agitaient et se cognaient dans sa tête. Sa bouche restait crispée, comme si elle cherchait à retenir les mots qui voulaient franchir ses lèvres desséchées, comme si elle voulait les empêcher de formuler les phrases qui auraient pu expliquer son mal-être. Elle nous en voulait, c’était ce que je pensais, mais je n’arrivais pas à trouver ni comprendre ses reproches potentiels, je ne pouvais qu’imaginer, chercher, inventer, supposer et cela m’agaçait. Finalement, de guerre lasse, j’avais décidé d’attendre que ce flot de griefs passe enfin le barrage de sa retenue et se déverse dans le lit de sa délivrance et de la mienne.

Au loin, je voyais les montagnes enneigées à la blancheur éternelle renouvelée. Etonnamment, je me sentais bien, ce paysage m’apaisait, je ne cherchais plus à rentrer ma tête dans ma carapace, j’étais prête à recevoir, ne manquait plus que son désir à elle de s’exprimer…