Depuis quelques jours, le sapin se dresse dans le salon. Il est petit, artificiel, déplumé et poussiéreux. Il sent la cave et Mylène l'asperge régulièrement avec sa bombe de Dove. Curieux mélange qui donne à la pièce une odeur toute particulière d'un Noël qui se perpétue.
Un seul cadeau au pied du sapin. Il est discret, tellement discret qu'on le distingue à peine entre les quatre branches du socle de l'arbuste.
Une minuscule crèche complète le décor. Elle est là plus par habitude que par conviction et l'enfant Jésus ne tend désormais plus qu'un bras, sans que Mylène ne sache pas trop ce qu'est devenu le second.
Il n'y a pas d'étoile, pas de bougie, pas de musique. Le silence, la pénombre et puis Mylène qui asperge son sapin car la nuit de Noël, c'est pour demain.
Elle en a passé des nuits saintes, Mylène, sans jamais vraiment réveillonner car quand on a presque 100 ans, on ne réveillonne plus, on guette. On guette la porte, dans l'espoir de la voir s'ouvrir. On guette la fenêtre, dans l'attente d'un Noël blanc. On guette la pendule, dans l'attente de minuit, encore un minuit avant le dernier, avant l'ultime et l'on ouvre le petit cadeau que l'on s'est fait, on le déballe, on contemple les chocolats qu'il contient, à moins qu'il ne s'agisse de massepain ou de marrons glacés et puis on en mange un bout avant de se dire : joyeux Noël Mylène !