Magazine Journal intime

Thanksgiving

Publié le 16 décembre 2008 par Stella

C’est bien connu, je fais souvent preuve de pro-américanisme primaire. Aussi, ne résisté-je pas au plaisir de vous traduire ici-même un passage de la dernière lettre de mon amie américaine , lectrice, par ailleurs, de ce blog et admirable commentatrice des petits travers des Français comme je le suis de ceux des Américains. J’adore son humour délicieux, distancié et si pertinent.

“Nous venons d’achever les festivités de Thanksgiving, m’écrit-elle. J’ai cuisiné l’habituelle bouffe américaine [les mots en italique sont en français dans le texte, ndlr] pour l’occasion : jambon avec tranches d’ananas, dinde farcie aux huitres, acorn squash (ça n’existe pas en France et mon gendre [un Français, ndlr] adore ça), patates douces, haricots verts, carottes, purée de pommes de terre accompagnée de la traditionnelle sauce aux canneberges, et le tout arrosé de jus de canneberge et de cidre.

Ma fille et son mari  avaient apporté du champagne que nous avons bu à l’apéritif, en compagnie de nos voisins. En hommage au Français présent parmi nous à table, j’ai servi du foie gras et de la terrine de caille (achetés à Paris l’année dernière) ainsi qu’une délicieuse bouteille de Loupiac.

Nous avons aussi ouvert un magnum de Gevrey-Chambertin (année 1982, absolument délicieux) pour accompagner la dinde et nous avons fait un trou normand. Seul mon gendre ne s’y est pas plié. Les autres convives ont particulièrement apprécié ce petit verre de Calvados avant la salade et le fromage (servi aussi en hommage à la présence française). Le dessert était composé de gâteaux aux pommes, au potiron, à la rhubarbe et aux noix de Pécan, agrémentés de glace aux noix de Pécan.

Ce genre de repas est toujours imposant : nous avons commencé à trois heures de l’après-midi et nous n’avons pas quitté la table avant 6 heures et demi. Tous, nous étions aussi farcis que la dinde ! (En fait, peu de gens s’interrogent vraiment sur le fait que nous ayons des problèmes d’obésité ici…). A ma grande surprise, mon gendre a paru apprécier l’exagération américaine : tout sur la table en une seule fois. Rien à voir avec l’art de la table à la française mais Rome ne s’est pas faite en un jour…”

N’est-ce pas extraordinaire ?

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  Moi, une partie de ma famille est vendéenne. Avant que nous ne nous fâchions pour des raisons aussi futiles que ridicules, j’allais presque tous les ans les voir. Nous rigolions, avec mon cousin, en dressant la table pour - au minimum - dix-sept personnes, porcelaine de Limoges, argenterie et cristaux. Il y avait les entrées froides, les entrées chaudes, les poissons… ensuite, nous n’étions jamais d’accord : pour lui, les bouillis venaient avant les rôtis mais moi, je préférais qu’on serve les rôtis avant les bouillis (entendez : les viandes, naturellement). “C’est bien plus digeste”, affirmais-je, convaincue. On ne faisait pas de trou normand, mais ma tante aimait à servir un entremet… Je ne vous dis rien des légumes (toujours des verts et des colorés, auxquels on ajoutait des féculents, pour l’équilibre alimentaire…). Fromages (au pluriel) et salade, naturellement. En dessert ? La bûche de Noël. Heureusement qu’à l’époque, on pouvait boire. Pour oublier.


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