J'ai testé studio radio

Publié le 18 décembre 2008 par Anaïs Valente

Pour la première fois de ma si courte vie (ou alors j'ai oublié - l'Alzheimer, ça commence à quel âge ?), j'ai pénétré dans un studio radio.

Pour une interview.

Je hais les interview orales.  D'autant plus si je sais qu'elles sont enregistrées.  Je préfère écrire.  A la rigueur, blablater bêtement, pour autant que la journaliste s'occupe ensuite de transformer mes borborygmes en blabla sensé.

Bien sûr, lorsqu'une journaliste radio a voulu m'interroger sur Le savoir écrire, j'ai sauté de joie, comme une puce face à une meute de chats (oui, bon, meute c'est pour chiens, et alors, on s'en moque).  Puis j'ai réalisé que j'allais encore me fourvoyer, comme la dernière fois, lorsque personne n'a rien compris à ce que je disais. 

Le jour J, je n'en mène pas large.   

Déjà, dans la salle d'attente, il fait une chaleur de malade.  Suffocant.  Pire que midi en plein désert.  Puis j'ai faim.  Et soif.  Et chaud, très chaud.  Je vais puer des dessous de bras en moins de temps qu'il ne faudra pour l'enregistrement, je vous le dis, ma bonne Dame.

Nous pénétrons dans le studio, accompagnées d'un technicien qui va se charger de l'enregistrement.  Il était censé avoir fini sa journée, mais il reste juste pour nous.  La journaliste lui propose de lancer le bidule puis de partir.  Il refuse, le curieux.  Le sadique.  Je fais des prières pour qu'il se casse illico, mais il reste. 

J'aime cette journaliste, passqu'elle m'a demandé, au préalable, comment se prononce « Valente », et ça, c'est chic.

Je m'installe donc face à elle, devant un micro énorme, genre d'esquimau sans goût qui ne fond jamais.  Dommage.  Elle est face à un micro et dispose, en bonus, d'un casque énooooorme sur ses oreilles, de façon à m'entendre mieux, sans doute.

Après une courte (très courte) présentation de bibi par bibi (je suis namuroise et employée), vient une série de questions réponses auxquelles je tente de répondre tant bien que mal, et plutôt mal que bien.  Je bafouille, je me racle la gorge, je ne trouve rien d'intelligent à dire (ça, vous vous en doutiez), je répète quatre fois « chick lit » sans parvenir à le prononcer, bref l'enfer.  Pourtant elle est toute gentille.  Et moi toute stressée.

Et puis, on sent qu'elle a bien parcouru mon livre, au point qu'elle me pose des questions auxquelles je ne sais répondre.  Oui, bon, ben ça va hein.  Je l'avoue, c'est pas pour subir vos moqueries.  Ainsi, lorsqu'elle me demande « le mot beauté revient souvent dans l'ouvrage, c'est voulu ? », je m'entends répondre « aaaaah booooon, y'a le mot beauté dans l'ouvrage ? »  J'avais pas remarqué moi, que ce mot était récurrent.  Docteur Psy, il en pense quoi ?  Elle m'aurait parlé du mot « macaron », ça m'aurait plus inspirée.

Dix minutes plus tard, après une promesse de couper tout le blabla incompréhensible et inutile (savoir l'intégralité de l'interview), c'en est fait de ma réputation à jamais ternie.  Je pue des dessous de bras, c'est définitif.  Après avoir subi les reproches limite agressifs du technicien (celui qui est resté alors que c'était inutile) qui, découvrant où je bosse, m'assaille de critiques sur la piètre façon dont a été traité son dossier (« avec plein de fautes, intolérable, inqualifiable, je ne reviendrai jamais chez vous, c'est une honte honteusement honteuse, j'espère que c'est pas vous qui avez rédigé le courrier, passque bon hein »), je quitte les lieux, rougissant, puante, mais ravie d'avoir découvert l'envers du décor.

Au fait, ça passe aujourd'hui en radio.  Quelle radio ?  Ne rêvez pas !  Quelle heure ?  Ne rêvez toujours pas.  Si je vous l'enverrai en fichier mp3 ?  Cessez de rêver.