Magazine Journal intime
Samedi ou la vie sauvage
Publié le 20 décembre 2008 par AnnonymiseDes pas lourds sous le feuillage humide, je grogne à chaque bruit, je renifle l'air frais et dangereux. Les chasseurs sont en contrebas avec leurs chiens hurlant à la mort. Le gibier ? Peut-être moi ?...
On pourrait facilement me confondre avec un sanglier depuis que ma barbe noire charbon envahit ce visage renfrogné aux sourcils broussailleux. Comme lui, je fonce à travers les fougères, les taillis me servent de refuges, les talus, de postes d'observation.
Je repère les petite proies avec toute l'acuité auditive nécessaire. J'ai des envies inexpliquées de me rouler dans la boue, un bain d'argile comme les connasses primitives des thalasso ou le Robinson de Tournier, quand il perd la boule...
Je ne pourrais même pas supporter Vendredi ! Quel dommage ! J'ai toujours rêvé d'un esclave qui me rafraîchirait le front avec une palme...
Je m'engouffre dans ma tanière, gratte le sol avant de me jeter sur une vieille cuisse de poulet et un quignon de pain sec ; le tout ponctué de borborygmes, de déglutitions sonores qui m'effraient parfois...