Histoire Lausiaque : extrait XLVII

Publié le 24 décembre 2008 par Moinillon
Euloge et l'estropié
Euloge était un lettré qui, frappé d’amour pour la vie éternelle, renonça aux agitations et, ayant distribué tous ses biens, garda pour lui un peu d’argent, ne pouvant travailler. Mais il était découragé intérieurement car il ne voulait pas entrer dans un monastère et n’était pas décidé à rester seul. Or, il trouva, gisant sur la place publique, un estropié qui n’avait ni mains ni pieds. Chez lui, seule la langue avec laquelle il interpellait les passants n’était pas invalide. Euloge s’arrêta, fixa les yeux sur lui, pria et fit un pacte avec Dieu en disant : « Seigneur, en Ton nom, je prends cet estropié et je lui procure du réconfort jusqu’à la mort, afin d’être moi aussi sauvé grâce à lui. Accorde-moi seulement la patience pour le servir. » Puis il s’approcha de l’estropié et lui dit : « Veux-tu que je te prenne dans ma maison et que je te procure du réconfort ? » L’autre lui dit : « Parfaitement. » Euloge reprit : « Donc j’amène un âne et je te prends ? » L’estropié consentit. Alors Euloge prit un âne, leva l’infirme et l’emmena dans sa propre chambre, et il fut aux petits soins pour lui.
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