Un poète au nom de louange

Publié le 25 décembre 2008 par Fuligineuse

Ces jours-ci je me suis souvenue du poète André Laude. J’avais un livre de Laude, je crois que c’était « Rue des Merguez », et puis il a disparu dans un de mes nombreux déménagements, ou bien quelqu'un me l’a emprunté sans retour (histoire connue).
En octobre 2008, les éditions de La Différence ont publié un volume regroupant l'intégralité de l'oeuvre poétique d’André Laude. Cette édition est le fruit du travail d'un collectif de proches et d'amis, à l'initiative de Yann Orveillon et Abdellatif Laâbi.


Simili-bio : Né en 1936 à Paris. Anarchiste à quinze ans, proche des marxistes et des situationnistes, il choisit de défendre la cause des opprimés et se lance notamment dans la lutte contre le régime franquiste. Il est anéanti par la guerre d’Algérie. Mais il continue, au cours de ses nombreux voyages, à assumer sa révolte et croit profondément à la poésie comme source de salut. Arrêté, puis amnistié, il parcourt le monde à la rencontre de ses pairs, écrivains et militants. De retour en France, il travaille pour La Tribune socialiste, Le Monde, France Culture avant de connaître une triste fin : « À bout de ressources, socialement rejeté toujours plus loin, malade d'alcool et de désespoir, épuisé physiquement et psychologiquement, André Laude s'est laissé glisser. Le 24 juin 1995, il est parti… »
La poésie d’André Laude est noire et flamboyante. On peut en lire quelques pièces en ligne, notamment sur le site de la Revue des Ressources, et sur le blog Albatroz, enfin chez les Esprits Nomades.
Un extrait :
la révolte met le feu aux poudres
taillez enfants aux yeux d'air et d'eau les belles allumettes
dans la forêt des légitimes soifs
taillez les belles allumettes pour que flambe le théâtre d'ombres universel.

Un autre extrait :
Je fais d'un enfant un feu fou, un bloc de cendres.
Je fais de ma mort à venir un festin de serpents.
Je fais d'un serpent la corde pour me pendre.
Je fais d'un long, acharné silence le testament
de tout ce qui fut désastres, horreurs, ennuis,
ruptures et interminables hurlements.

Enfin on peut lire chez Médiapart une présentation avec interview.

Fuligineuse