Êtes vous joueur ? Moi non plus ! Je ne joue à aucun jeu, ni à ces machins pour les rats où l'on nous propose de perdre systématiquement une pièce ou deux en rongeant la pellicule masquant des symbole débiles ni à ces jeux dits de société où en bons convives il ne s'agit de rien de moins que de reproduire ce que la société à de pire, la hiérarchie souriante des plumés et des plumeurs. Et ce quelque soit l'enjeu, des jetons, des boutons de braguettes, des haricots secs ou de bon argent sonnant et trébuchant. Plutôt trébuchant en ce moment. Je n'aime rien moins que les loisirs. Les loisirs ? Comme si le temps était de l'abondance dont nous aurions à souffrir le perpétuel renouvellement. Suis-je snob ? Ah mais oui, absolument et pourtant je ne méprise pas ceux et celles qui s'adonnent à ces activités dites ludiques. Je les regarde taper le carton, pousser le pion, lancer la pièce à l'assaut avec des airs de conspirationiste. Peut-être est-ce là, me dis-je, le seul lieu où ils ont leur destin entre les mains ? Puisqu'ailleurs, partout ailleurs ils sont la pièce qu'on pousse contre son gré, le pion qui se fait systématiquement manger avec le petit sourire irrépressiblement narquois de l'adversaire, le valet de pique tombant de la manche du maître. Il y a toujours un maître dans le jeu et c'est toujours celui qui en ayant écrit les règles conseille aux autres de ne pas apprendre à lire (voir la réforme de l'éducation nationale), vu que lui les transforme au fur et à mesure que la partie avance. Aller Lephauste ! Une petite belote ? Euh non, j'suis snob.
Mais revenons à nos futons qui est le lit des thons qu'une tonte de trop laisse rossé et suppliant le kiné d'abréger de ses reins endoloris la souffrance des mal couchant pas trop bien conservés. Avez vous déjà sauté en parachute ? Non ? Mais que vous a-t-on donc enseigné lors de vos longues études diplomantes ? L'art de la statistique ? L'herméneutique ? La maïeutique ? Le bon usage des courants électriques ? L'ordinaire frigorifique ? Le tarot, la crapette, le bridge, le smurf, le slam, la passe anglaise, le tric trac, les échecs, le tavli, la valse, le cha cha, le hoolahoop, à devenir en tout et pour tout une sacrée tête à claque ? Moi oui, tête à claque comme vous, Vingt quatre sauts kakis, SOA, équipé comme un catalogue de la Manu, de pied en cap, casque lourd, dorsal, ventral et la "nana" sanglée au côté. 79/04. Je file la métaphore, je la file jusqu'au bout, la dernière suspente, bord d'attaque compris et landing hasardeux. Parachutiiiiiiste, vois le ciel est clair !
Vous y êtes ? Quatre-vingt au bas mot. Au cul du Transall, son gros ventre ouvert, quatre sticks dans les éfluves du kérosène, sanglés pâles, des chiasses plein le treillis, le mousqueton dans la bretelle et l'équipe de saut qui vous vérifie même jusqu'à l'entrecuisse, que vous ne glissiez pas du harnais. A sept cent mètre d'altitude, je me souviens d'un qui hurla sa mère... Pas de pardon ! Allez à bord à présent. On monte par la passerelle, c'est trop tard, le ventre se referme. Maman j'te hais ! Le Zinc se met en piste, tout vibre là dedans et il n'y a pas d'hôtesse pour vous faire oublier que l'homme n'est pas fait pour voler, sauf quand il fait le pigeon. L'homme aime à faire le pigeon, souvent. Et quatre-vingt culs serrés comme des pucelles démocrates s'envolent au son des chants que les largueurs entonnent, guillerets, il fait si beau, si qu'on ouvrait un peu la porte ? Ouverture de la porte commandée ! On rabat les joues, les lèvres si vous voulez, il y a de l'instant vulvaire là dedans. Les deux premiers sticks se lèvent, on accroche la SOA et on se tient bite à cul. L'éternel masculin. Il y a là JB qui saute avec sa tortue fétiche coincée dans le ventral, Jean louis de Mulhouse, John Wayne du Mans, Kraminche da Ch'nord, Taffin de Givenchy, l'héritier présumé et un lieute à qui il manque un saut pour boucler son mois :
- Ca pétoche sévère parachutiste ! Lui non, juste que ses sardines sentent le caca mais la hiérarchie, hiérarchie !
Le voyant est au rouge, le poignard du chef largueur sort un peu du fourreau, le C 130 pointe du nez dans l'azur, de plus en plus, de plus en plus, nous, bite à cul... Le premier à la porte... Un pied à demi sortit ... C'est pas le bon ... C'est ... Putain, pied gauche ... Pied droit ... Les mains à plat sur les grandes lèvres, la vulve est large et le ciel est clair ... Le voyant est ... Vert ... Non pas vert ! Si et la sirène vous déchire les intestins ... Vous y êtes ... GO !!!! GO !!! GO !!!! Les largueurs vous envoient à dache, à coups de rangers si il le faut ... Quatre-vingt en quelques secondes ... Deux-cent-trente kilomètres à l'heure dans les gencives et si vos burnes sont pas en place ... Un premier prix Farinelli ! Avec mention...
C'est du joli, j'entends déjà les commentaires, elle au printemps lui en hivers ...
Mais ça n'est pas tout de dire les mômes que nous étions et que j'aimais. Faut-il encore éclairer la métaphore par une chute libre,
que voici :
Sentez vous les vibrations ? Voyez vous par les hublots la DZ déserte, au loin la foret les collines ? Tiens mais l'avion se cabre ! Non ? On se presse à la porte ? Et pas de mousqueton, pas de SOA ? Mon lieutenant, je veux pas dire mais aucun de nous n'est accroché au fil ? C'est donc que nous savons voler ? Au final. Meuh non mon grand nigaud, c'est la fin, juste la fin pour les figurants de l'économie de marché. Allez ! GO !!! GO !!! GO !!!