Magazine Journal intime

J'ai testé Noël virtuel

Publié le 26 décembre 2008 par Anaïs Valente

Un Noël virtuel, ça s'organise, quoi qu'on en pense.

Tout d'abord, il faut trouver avec qui fêter Noël virtuellement.  Même si c'est virtuel, plus on est de fous, plus on rit (c'est pas moi qui le dit).  Comme la plupart des gens (les chiens galeux heureux) fêtent Noël en famille, avec chéri-d'amour ou zenfants charmants, c'est un véritable challenge de trouver des adeptes d'un Noël virtuel. 

Je dégotte cependant deux personnes ravies de tenter l'expérience : appelons-les Rodolphe et Mégère, c'est de circonstance (oui, Mégère est le nom d'un renne de Papa Noël).  Rendez-vous est donc pris... à Noël, c'est d'une logique implacable.

Ensuite, il faut faire les courses.  C'est pas passque c'est virtuel qu'il ne faut rien faire (ça me rappelle une pub pour des plats préparés récemment illustrée par Pénélope Bagieu).  Puis, il est indispensable d'établir un menu.  Le hasard fait que, après avoir interrogé Mégère et Rodolphe, je réalise que nous avons tous opté pour une raclette.  A croire que la raclette est le menu typique du réveillon virtuel.  Par contre, le mode de préparation, les accompagnements, l'heure du repas... tout cela est laissé au libre choix du fêtard, bien entendu : appareil à raclette, assiette dans micro-ondes (ça c'est moi, en grosse fade que je suis), table joliment dressée, assiette sur table basse (encore moi), salade, cornichons, champignons, coquillettes (ça c'est pas moi, et je vous jure, j'en suis toujours pas reviendue), maïs, patates, sauces diverses, variées et grasse.  Boissons.  Pour ma part, j'ai décidé de me faire un véritable festin festif : zakouskis chauds, foie gras, cuisses de crapauds à l'ail (pour celle qui n'embrasse personne, voilà au moins une compensation), raclette et bûche chocolat-crème brûlée.

Une fois mes vivres entassées dans le frigo, j'allume mon PC pour démarrer mon Noël virtuel.  Un message de Mégère m'attend : nous ne serons que deux pour ce Noël, vu qu'elle est clouée au lit, malade, la pauvre.  Nous échangeons quelques messages et elle file se reposer.  Voilà encore un avantage de cette formule : le malade n'a pas à se traîner bon gré mal gré hors de chez lui, il n'a pas à ingurgiter plein de choses alors que son estomac fait grève, il peut aller siester et attendre que la maladie s'évapore.

Je suis prête.  Tout est prêt.  Même le cadeau que m'a offert Mostek, avec comme directive de l'ouvrir à minuit.  Elle était malade de savoir que je n'aurais pas de cadeau au pied du sapin (et avait sans doute peur que je me suicide par ingestion de boules de Noël).  J'ai bien tenté de la dissuader, arguant que de toute façon... je n'ai pas décoré de sapin cette année (fade, je sais), mais elle est aussi butée (et adorable) qu'un moustique peut l'être lorsqu'il repère une Anaïs-endormie-au-sang-plein-de-sucre.  J'ai donc déposé mon cadeau emballé de vert au pied du canapé.  Il fera office de mini sapin.  Yessss.

Retour sur le PC pour une petite papote apéritive virtuelle avec Rodolphe, fidèle au poste.  J'ai faim.  J'annonce à Rodolphe que j'envisage d'aller à la Messe de minuit.  Je sais, chuis folle.  Je déteste la messe.  Mais à Noël, je garde l'espoir qu'elle soit vivante, enjouée, chantante et agréable.  Et qu'il y ait des cougnous et du vin chaud.  Rodolphe me met alors en garde sur les potentiels tueurs en série de Noël qui rodent à cette heure indécente.  Tiens, oui, bizarre, étonnamment, je n'y avais pas pensé.  Je materai donc la messe à la TV.

Bon j'ai faim, encore et toujours.

C'est là l'avantage du Noël virtuel : on mange quand on le veut.  J'ingurgite donc mes zak, tout en continuant à papoter, puis mes cuisses tout en continuant à papoter, puis mon foie tout en continuant à papoter.  Je sais, logiquement, on commence par l'entrée froide, mais après tout hein, je fais ce qui me chante.  J'abandonne l'idée de la raclette, plus faim.  Je réserve la bûche pour minuit, heure d'ouverture de mon cadeau.

Pour mon petit Noël, j'ai également décidé de m'offrir un cadeau luxueux : un mois d'abonnement à mon site de rencontres favoris, j'ai nommé ma page orange.  Joyeux Noël Anaïs.

Il est dès lors temps d'aller voir qui se balade sur ce site en ces jours festifs... tout en continuant, bien sûr, Noël virtuel avec Rodolphe.  De quoi on parle me direz-vous ?  De plein de choses, et je me marre bien, moi (chais pas si Rodolphe approuvera, mais bon...).  En fond sonore, les émissions débiles de Noël, bêtisiers vus et revus, jeux, concerts, et autres niaiseries.  Je ne me plains pas, j'échappe à hibernatus.

Page orange.

A peine connectée (enfin re-connectée, puisque mon profil de néanderthal m'attend gentiment depuis des mois), les internautes se ruent sur moi comme une ampoule non-économique sur ma facture d'électricité (cette référence étrange me vient suite à cette nouvelle de la suppression des ampoules classiques, qui est d'une débilité rare, puisque ces ampoules s'avèrent plus économiques pour les endroits éclairés peu de temps comme les WC - sauf en cas de constipation ou de chiasse, les halls ou les caves ; soit, je ne fais pas les lois mais ça me saoule grave de chez grave que les consommateurs n'aient pas leur mot à dire, qu'on impose des choses insensées et voilà, mais je m'égare...). 

Un petit curieux me demande ce que j'ai mangé.  Je détaille mon foie gras, mes cuisses de sauteuses...  et m'en ramasse illico plein la tronche : il est végétarien.  Et protecteur des pauvres bêtes brimées à Noël.  Voilà, je culpabilise maintenant.  Glups, clair que si c'était l'homme de ma vie, je viens d'anéantir toutes mes chances.  Il me demande ensuite ce que je compte faire en 2009 pour aider la nature et nous nous lançons dans une discussion passionnée (sic) sur le chauffage à basse température.

Un homme qui s'ennuie me contacte ensuite et m'annonce immédiatement qu'il passe Noël seul, son épouse étant dans la famille.  Que ça va mal entre eux, qu'il se sent seul, qu'il recherche de la compagnie (coquine ou pas, je préfère ne pas savoir).  Je mets immédiatement fin à la conversation : y'a pas écrit bécasse hein (ni dinde, d'ailleurs).

Une petite dizaine d'internautes s'inquiètent de me savoir derrière mon PC, seule, abandonnée de tous, au bord du suicide peut-être, ou de l'alcoolisme (j'ai prévu du Coca zéro, y'a un risque docteur ?).  Doivent avoir peur que les pompiers retrouvent ma carcasse le 28 décembre, étendue dans les victuailles, en légère décomposition, mais relativement conservée par les effluves d'alcool, avec à mes côtés, une lettre d'adieu pathétique, un rat affamé et, en bruit de fond, un CD de chants de Noël qui tourne inlassablement.  Ils s'étonnent vraiment de l'anormalité de la chose.  Je leur fais remarquer que s'ils me contactent, c'est qu'ils sont, eux aussi, seuls, derrière leur PC.  Tiens.  Oui.  T'as raison Anaïs.  Z'y avaient pas pensé les messieurs...

Un cyber-caféen me contacte sur le tard, pour « fer conne essence ».  Et si je lui offrais « le savoir écrire » en cadeau ?  Une once de pitié m'envahit, le sachant dans un cyber, et j'accepte de « fer conne essence ».  Ne comprenant cependant rien à ses « tu fée kwa dent la vie ? » « joie yeux noël » et autres « sa te dirais de me donné ta foto ? », je déclare rapidement forfait.

En matière de photo, d'ailleurs, point de trêve à Noël, c'est encore et toujours l'obsession obsessionnelle.  Tuant.  Saoulant.  Chiant.  N'ayons pas peur des mots. 

Entre ces discussions rendez-vousiennes et le réveillon èmeèsseènnesque bien drôle avec Rodolphe, minuit arrive très vite.

Minuit.  L'heure tant attendue : dégustation de la bûche ET ouverture de mon cadeau emballé de vert et enrubanné de rouge (tiens, Mostek a omis la possibilité de pendaison via ruban rouge).  Tout cela bien sûr, sous le regard virtuel de Rodolphe, qui meurt d'impatience de savoir ce que recèle le précieux emballage.

J'ouvre. Je l'aimeuh mon cadeau : une petite fée, ou un ange, oui, ce sont plutôt des ailes d'ange, qui écrit.  Un ange écrivain.  Une ange écrivaine.  Puisse-t-elle être dorénavant mon ange gardien. 

Je zappe ensuite sur la messe de minuit, que je trouve hautement soporifique, et j'éteins ma TV.  Je remercie Rodolphe pour cette grande première bien sympathique, j'envoie bouler quelques internautes avides de « mise de petit Jésus virtuel dans la crèche virtuelle », et je file au dodo.

C'était mon tout premier Noël virtuel.

En guise d'illu, un dessin-cadeau reçu de Bertschy, célèbre dessinateur de Nelson. Merciiiii.

nelsonpt



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