Sur le chemin boueux, les semelles de mes bottes en plastique font floc
Un petit vent frisquet siffle à mes oreilles
Caresse ma nuque, mes joues et mon front
Un cheval et sa jument me regardent parler à mon arbre
De leurs naseaux s’élèvent des ronds de buée interrogateurs.
- Comment vas-tu, mon grand ?
- … fit le chêne dans un bruissement de feuilles mortes.
- Tu es encore debout, c’est l’essentiel.
L’épais brouillard avale notre conversation à mots comptés.
Et je chemine le long du potager endormi
Sous mes pas, la terre givrée fait crac
Devant le feu de cheminée, je réchauffe mes doigts engourdis
Les flammes lèchent péniblement la branche que le chêne m’a donnée
Mon père sort les pains de leurs moules
Un torchon sur l’épaule, ma mère épluche les pommes de terre
Qui accompagneront les cèpes du bois d’en bas.