Le problème israëlien

Publié le 31 décembre 2008 par Saucrates

Réflexion une (31 décembre 2008)
L'offensive militaire contre la bande de Gaza en cette fin de mois de décembre 2008 ou l'aventurisme israëlien ... vers une fracture toujours plus grande entre Israël et les opinions arabes et mondiales ...

Débuter un texte de cette manière implique forcément de prendre position dans le conflit qui oppose Israël aux territoires palestiniens et aux palestiniens. Israël est un état qui est construit autour de la violence, de la peur et de la haine. Et il ne pourra jamais en ressortir quelque chose de bon. Israël dispose aujourd'hui d'une force militairement très supérieure à celle des milices palestiniennes qui le combattent, et des états arabes qui l'entourent. Mais cette supériorité militaire ne se maintiendra peut-être pas toujours. Et que fera Israël lorsque ses adversaires que son armée a écrasé pendant des décennies seront capables de le frapper mortellement, que ce soit par le biais d'une attaque nucléaire ou conventionnelle. Israël, ce jour-là, appellera-t-il à l'aide la communauté internationale, dont il a rejeté pourtant régulièrement depuis plus d'un demi-siècle tous les appels à la clémence, à la cessation des conflits et le respect de toutes les résolutions de l'ONU ? Espérons que le jour où Israël sera confronté à des forces militairement supérieures, la communauté internationale puisse faire preuve d'autant de retenues dans sa condamnation des exactions commises à l'encontre cette fois-ci des israëliens ...
Israël est-elle une démocratie et mériterait-elle pour cette raison notre mansuétude ? Pour plusieurs raisons, il me semble qu'Israël n'est pas une démocratie au sens où nous l'entendons, en Occident.
Premièrement, Israël s'est construite sur une injustice à l'égard des habitants de la Palestine, dont une forte majorité a été déplacée dans des camps de réfugiés à la création d'Israël. Une démocratie ne peut pas reposer sur l'écrasement et la soumission d'une partie de sa population d'origine palestinienne, même si son fonctionnement est démocratique pour sa fraction de population de religion juive. Il s'agit d'une erreur originelle d'Israël, qui perpétue ainsi une injustice initiale et un fonctionnement anti-démocratique ... et qui causera forcément un jour son annihilation dès lors que sa supériorité militaire ne sera plus suffisante pour la protéger de ses ennemis.
Deuxièmement, une démocratie ne se lance pas dans des expériences militaires hasardeuses, même si les risques militaires pour Israël sont insignifiants, à la veille d'élections législatives, lorsqu'un parti au pouvoir estime ses chances de remporter ces élections insuffisantes, comme c'est aujourd'hui le cas. Seuls des Etats non démocratiques comme la Russie choisissent encore aujourd'hui cette voie, dans l'espoir de susciter une réaction d'adhésion leur population et de leur électorat.
L'action militaire lancée par Israël en cette fin décembre 2008 est une honte et une abomination sans nom. Des centaines de morts et des milliers de blessés déclarés parce qu'un état de non-droit s'estime autoriser à annihiler un peuple, rejeter ses prétentions à disposer d'un état, d'une administration et d'un territoire. Il faudrait qu'Israël comprenne que du fait de son attitude à l'égard des palestiniens, il est en train de s'aliéner l'ensemble de l'opinion mondiale, que ce soit dans les pays arabes, dans les pays occidentaux ou en Russie et en Chine ...
Et puis il y a une aberration. Israël s'était retiré il y a quelques années de la bande Gaza parce qu'il lui était impossible de la contrôler militairement et que des tirs de roquette par le Hamas visaient malgré tout son territoire et ses populations de colons. Pourquoi revenir aujourd'hui alors que le Hamas se nourrit de la haine qu'inspire Israël (jusqu'en Occident) et de la misère des palestiniens causée par le blocus israëlien.
A défaut d'arriver à une paix véritable avec les palestiniens et de leur permettre de disposer d'un état légitime et indépendant, sur un territoire d'un seul tenant et viable (qui contiendrait la Cisjordanie non mitée des colonies illégales israéliennes, de Gaza et de la partie sud d'Israël), Israël s'enferme dans une situation transitoire sans issue autre que militaire, de fureur, de haine et de sang, et dont le dénouement à terme est déjà écrit, à savoir la disparition de l'état d'Israël et des temps difficiles pour ses concitoyens, arabes ou juifs ...
Saucratès