Étienne le Libyen
Étienne, un Libyen d’origine, résida durant soixante ans du côté de la
Marmarique et du Maréotide. Devenu ascète éminent et ayant acquis un habile
discernement, il fut jugé digne d’un charisme tel que tout individu dans la
peine, s’il venait le trouver, se retirait exempt de chagrin. Pour moi, je ne
l’ai pas rencontré à cause de l’éloignement de son lieu d’habitation. Mais ceux
qui s’étaient trouvés avec lui, m’ont raconté ceci : « Nous l’avons rencontré
alors qu’il était tombé dans l’infirmité que voici : un ulcère s’était formé
sur ses parties génitales et il recevait les soins d’un médecin, tout en
travaillant de ses mains en tressant des feuilles de palmier. Tandis qu’il nous
parlait, son corps était opéré par le chirurgien, et c’était comme si un autre
avait été incisé. Grâce à sa préparation spirituelle, il était insensible et on
lui coupait ces membres comme s’il s’agissait de cheveux. Comme nous en étions
peinés et que nous en éprouvions du dégoût, parce qu’une vie si belle était en
butte à une telle souffrance et à de pareilles opérations chirurgicales, il
nous dit : “Enfants, ne soyez pas froissés de la chose. Car Dieu ne fait rien
par malice, mais en vue d’une bonne fin. Peut-être ces membres méritaient-ils
un châtiment, et il m’est avantageux qu’ils paient leur dette de justice
ici-bas, plutôt qu’après la sortie de cette carrière.” Nous ayant donc exhortés
ainsi et fortifiés, il nous édifia. » J’ai raconté cela, afin que nous ne
soyons pas déconcertés, lorsque nous voyons des saints en butte à de telles
souffrances.
évêque Pallade :
vies
d'ascètes et de Pères du désert