Histoire Lausiaque : extrait LVIII

Publié le 04 janvier 2009 par Moinillon
Étienne le Libyen
Étienne, un Libyen d’origine, résida durant soixante ans du côté de la Marmarique et du Maréotide. Devenu ascète éminent et ayant acquis un habile discernement, il fut jugé digne d’un charisme tel que tout individu dans la peine, s’il venait le trouver, se retirait exempt de chagrin. Pour moi, je ne l’ai pas rencontré à cause de l’éloignement de son lieu d’habitation. Mais ceux qui s’étaient trouvés avec lui, m’ont raconté ceci : « Nous l’avons rencontré alors qu’il était tombé dans l’infirmité que voici : un ulcère s’était formé sur ses parties génitales et il recevait les soins d’un médecin, tout en travaillant de ses mains en tressant des feuilles de palmier. Tandis qu’il nous parlait, son corps était opéré par le chirurgien, et c’était comme si un autre avait été incisé. Grâce à sa préparation spirituelle, il était insensible et on lui coupait ces membres comme s’il s’agissait de cheveux. Comme nous en étions peinés et que nous en éprouvions du dégoût, parce qu’une vie si belle était en butte à une telle souffrance et à de pareilles opérations chirurgicales, il nous dit : “Enfants, ne soyez pas froissés de la chose. Car Dieu ne fait rien par malice, mais en vue d’une bonne fin. Peut-être ces membres méritaient-ils un châtiment, et il m’est avantageux qu’ils paient leur dette de justice ici-bas, plutôt qu’après la sortie de cette carrière.” Nous ayant donc exhortés ainsi et fortifiés, il nous édifia. » J’ai raconté cela, afin que nous ne soyons pas déconcertés, lorsque nous voyons des saints en butte à de telles souffrances.
évêque Pallade : vies d'ascètes et de Pères du désert