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Un conte pour la nouvelle année (MBBS)

Publié le 04 janvier 2009 par Mbbs

J'ai été paresseuse pendant ces fêtes et j'ai laissé mon amie tenir le blog seule, il était donc temps pour moi de revenir raconter mes petites histoires...

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Je m’étais trompée ce n’était pas lui, je regardais la silhouette s’éloigner, le cœur gros et les larmes au bord des yeux. Je savais que je ne dirais rien à Elisa, peur de raviver la douleur en elle, peur de lire le désespoir au fond de ses yeux, la désillusion au pli de sa bouche. « Pourquoi faut-il que cela arrive juste pendant les vacances, qu’est-ce que j’ai fait pour que ça tombe sur moi, encore une fois, comme si j’attirais toutes les poisses environnantes ? » me demandais-je à voix haute en reprenant ma marche.

- Parce que cela t’arrange bien ! me répondit une voix.

Je m’arrêtais pile, cherchant qui me parlait mais j’étais seule, seule au milieu d’une rue déserte à peine illuminée par les lampes au-dessus des portes cochères et les rares candélabres. Je tournais sur moi-même mais il n’y avait personne…Je repris donc mon chemin en haussant les épaules et en marmonnant «  C’est ça, joue à ta Jeanne d’Arc, cela complète le tableau ! »

- Et qu’est-ce qu’elle t’a fait Jeanne d’Arc ?

Je me figeais, tous mes sens en alerte et fit un brusque tour sur moi mais aucun signe humain aux environs. Tout était calme. Quelques ombres aux fenêtres éclairées, visions fugaces de vie, des guirlandes clignotantes ici et là et au loin, le bruit assourdi de l’autoroute. Je demandais à voix haute.

- Vous êtes qui, montrez-vous !Si c’est un canular, c’est pas drôle et si vous croyez me faire peur, c’est raté !

- Alors pourquoi tu trembles ?

- Je tremble de rage parce que j’aime pas qu’on se foute de moi, vous êtes où bordel !

- Ah ! cette jeunesses, pourquoi jurer ? Il suffirait de demander les choses poliment…

- …

- Alors ? J’attends !

J’hésitais entre déguerpir et hurler, finalement, j’optais pour la prudence.

- S’il vous plaît, pouvez-vous vous monter ?

- Ah, voilà qui est mieux murmura la voix.

Et, croyez-le ou pas vous qui me lisez, mais je vis un chat sauter sur le muret du jardin de Mme Pignon et se tenir assis me regardant dans les yeux. Je demandais au chat ne croyant pas vraiment à ce que je faisais.

- C’est vous la voix ?

Et alors il se produisit quelque chose d’extraordinaire, le chat se mit à parler.

- C’est si surprenant que ça ?

- Un peu oui, les animaux ne parlent pas !

- Oui mais nous sommes dans un conte, donc tout est possible !

Je restais la bouche ouverte en me demandant si je n’étais pas en train de rêver ou de délirer. Je n’avais pas de fièvre, du moins je ne le pensais pas, et je n’avais rien bu ni fumé ! Je me pinçais. Je ressentis la douleur, le chat était toujours là me regardant de ses yeux jaunes. Je me dis mentalement que j’étais folle mais en y réfléchissant décidais de saisir l’aubaine qui m’était donnée.

- Alors si tout est possible, vous allez pouvoir le retrouver.

- Ah ! Je constate que tu as l’esprit rapide et le sens de l’opportunité. Mais un service en vaut bien un autre, ne crois-tu pas ?

Je soupirais bruyamment.

- Bon, nous y voilà ! J’ai compris, c’est donnant-donnant, alors crachez le morceau et dites-moi ce que vous voulez ?

L’animal ne se pressa pas, il se contenta de me regarder. Son pelage noir disparaissait dans la nuit et je ne voyais que ses yeux jaunes qui brillaient. A attendre comme ça, je me sentais un peu stupide et je commençais à avoir froid. Je le lui dis.

- Jeunesse impatiente, répondit-il, tu as un train à prendre, un rendez-vous urgent ?

- Ce n’est pas votre problème, nous sommes là parce que nous pouvons conclure un marché, non ? Et c’est vous qui êtes venus à moi je vous rappelle, donc crachez le morceau et que chacun retourne chez soi ! J’ai pas qu’ça à faire moi.

Il se redressa et se mit en mouvement sur le muret, je le suivis. Il se mit alors à m’expliquer ce qu’il attendait de moi. A mesure qu’il parlait, je sentais une colère sourde gronder en moi, finalement, je ne pus ternir et explosais.

- Il n’en est pas question, ce type pue, il ressemble à un clochard et en plus chaque fois que je le croise, il me fait peur !

Le chat me regarda de ses yeux brillant. J’étais devant lui, les mains sur les hanches avec cet air furibond qui impressionnait toujours mes copines quand j’étais en pétard.

- Un marché est un marché jeune fille mais laisse-moi te poser une question. Qu’est-ce qui est le plus important pour toi, la joie de ta petite sœur ou passer par-dessus des a priori, des rumeurs, un jugement subjectif ?

Qu’est-ce que vous voulez répondre à ça ? Cela me rageait de ne pas pouvoir le contredire mais bon, je n’avais pas le choix et ce sacré chat le savait. Je baissais la tête et pris mon temps, je ne voulais pas lui donner satisfaction tout de suite.

- Bon, bon, c’est OK, j’vais m’arranger mais ça va pas être coton de convaincre ma mère, donc je garantis pas.

- J’ai confiance, tu es une personne pleine de ressources.

- Dites !

- Oui ?

- Vous êtes qui ?

- Tu le vois bien, un chat.

- Vous foutez pas de ma gueule, je le vois bien que vous êtes un chat mais les chats ne parlent pas et ne promettent pas de retrouver un chien perdu contre un repas de Noël à …un pauvre type.

- Il y a du vrai dans ce que tu dis, donc je vais te répondre, je suis…

- Josiane, réveille-toi, on l’a retrouvé !

Josiane ouvrit un œil secoué par sa mère qui était penchée au-dessus de son lit. Elle avait le sourire aux lèvres, à côté d’elle, une Elisa resplendissante.

- Je viens de recevoir un téléphone du voisin, tu sais celui qui est au bout de la rue, ce type assez spécial, on dirait un clochard. Il a retrouvé Posh blessé dans son jardin, il lui a donné les premiers soins mais il semblerait qu’une patte soit cassée. Je vais donc le chercher pour l’amener chez le vétérinaire.

Complètement réveillé, Josiane s’assit dans son lit alors que sa mère s’apprêtait à quitter la chambre. Sans vraiment réfléchir, elle lança.

- Dis maman, on pourrait pas l’inviter mercredi soir ?

Elle se retourna surprise.

- Qui, le voisin ?

- Ben oui, il a retrouvé Posh et c’est bientôt la nouvelle année ?

Après un instant d’hésitation, elle sourit.

- C’est une bonne idée, je vais lui poser la question.

Josiane entendit sa mère claquer la porte d’entrée et partir en voiture. Satisfaite, elle se leva et se dirigea vers la cuisine. Alors qu’elle versait du lait dans son bol de céréales, elle leva les yeux et aperçut un chat noir qu’elle ne connaissait pas, un chat qui était assis sur le mur du jardin et qui la regardait de ses yeux jaunes. C’est drôle, mais Josiane avait l’impression que le chat lui souriait…


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