Le jour où les pendules sont tombées en panne, j’ai eu l’impression que j’étais dans un cercueil. C’est arrivé en pleine après midi, je somnolais dans mon fauteuil ; le silence m’a réveillée. Sueurs, palpitations, tremblements, j’étouffais, j’étais comme morte. J’ai voulu mettre la télé, impossible ; la radio, pas moyen. Le chien aussi avait disparu. Pas la moindre respiration à part la mienne. Je me suis levée, j’ai ouvert la porte de l’extérieur, pareil ; le même silence. Pas un oiseau, pas une automobile, pas le moindre bruissement de feuilles, pas le moindre mot. J’étais face à moi, face au gouffre, il n’y avait rien à faire. Et c’est là que j’ai entendu crier mon nom « Marie, Marie, Marie… » à plusieurs reprises et de plus en plus fort. On m’attendait. J’ai marché vers celui qui m’appelait et je vous ai trouvé. Vous étiez en haillons, cheveux hirsutes, visage ruisselant, au milieu de la rue. Je ne vous connaissais pas. Je vous l’ai dit, vous avez ri.
Maintenant, le temps a passé et je n’entends toujours aucun bruit. Suis-je morte, suis-je vivante ? Vous me dites que je suis dans l’entre-deux et que je dois faire mes preuves pour revenir chez les vivants. Moi je veux bien, mais quelles preuves ? Pourquoi moi ? Vous parlez ma langue mais je ne vous comprends pas. Vous me dites « Fais un effort ! Essaie d’aimer et on remettra les pendules à l’heure ! » Aimer ? C’est quoi aimer ? Aidez-moi, je vous en supplie, j’ai peur de ne plus jamais entendre mes pendules.