Mes humeurs dans la Meuse

Publié le 06 janvier 2009 par Anaïs Valente

(avec grand retard, because un grand repas au bureau qui m'a empêchée d'aller sur mon pc hier soir, voici une chtite chronique parue dans la Meuse récemment)

Où sont les p......... ? (à chanter sur l'air de « Où sont les feeeemmes ? »

L'autre jour, me promenant dans ma ville adorée, j'ai réalisé que les vitrines à néons roses et mauves avaient disparu.  Totalement disparu.  Tout se perd, ma bonne Dame.

De mon temps, enfin du temps oùsque j'étais gamine, lorsqu'on passait rue Saint-Nicolas, il était obligatoire de ne pas regarder les « filles de joie » qui squattaient plusieurs immeubles, habillées (pour peu qu'on puisse les qualifier d'habillées) de bas résilles et de guêpières, voire d'un peignoir en satin pour les plus pulpeuses et/ou les plus âgées.  Une longue cigarette apportait la touche finale (à l'époque, le tabac était mieux vu que leur profession).  Mais il était interdit de regarder. 

Bien sûr, l'enfant que j'étais à l'époque, frêle et innocente (tout se perd, je l'ai déjà dit), prenait un malin plaisir à regarder, et, surtout, à questionner « Keskelles font maman, les femmes dans la vitrine ?  Je veux le même truc en plumes que la Madame en rose !  Elles ont pas froid, papa, à être toutes nues comme ça ?  » 

S'ensuivaient quelques explications vaseuses, sous forme de borborygmes incompréhensibles tentant d'expliquer une profession inexplicable à une enfant naïve jouant encore avec la Barbie apportée par Saint-Nicolas.  Explications qui se concluaient inéluctablement par un « tu comprendras quand tu seras plus grande ».  Fin de la discussion.

Maintenant, je suis plus grande, et j'ai tout compris.  Tout.  Absolument tout.  J'ai aussi compris qu'elles avaient quitté les lieux, sans doute car cela fait tâche dans une cholie ville comme la mienne.

Mais il est une chose que je ne comprends toujours pas à l'heure actuelle : oùsquelles sont ?