Ce petit truc en plus

Publié le 13 août 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor,
Voilà longtemps que nous n'avons pas causé de l'Amitié. Eh bien, je suis forcé de constater que c'est un sujet que tu n'abordes plus beaucoup... Tu n'as pas tort. Pourtant, il m'occupe beaucoup ces derniers temps. Tiens tiens... Surtout depuis que j'ai retrouvé Aurélie. Aaah ! La fameuse Aurélie ! Ta grande Amitié !
Cependant, tu sais bien, Victor, qu'il fut une époque pas si lointaine où je ne croyais plus tant que ça en l'Amitié. Comme tout le monde, tu as eu des hauts et des bas... Eh bien j'ai réalisé avant-hier soir que j'y croyais à nouveau, et dur comme fer, en plus ! Mazette... Et doit-on ce brusque regain de foi à la fameuse Aurélie ? Pas entièrement mais... Elle y contribue bien sûr ! Allons-y... C'est reparti pour les oiseaux qui chantent et le ciel bleu ! En ces temps moroses, je pensais que cela te ferait plaisir. En ces temps moroses ?! Ben, tu sais bien, depuis que j'ai raté le... Enfin, tu vois ce que j'ai raté jeudi... Tu es encore là-dessus ?! Passons, Mirabelle, passons !
Bref. Avant-hier, j'ai retrouvé Aurélie à une soirée où nos hommes et leur bande se sont retrouvés, en plus d'une quarantaine d'autres personnes que nous ne connaissions ni d'Eve ni d'Adam (et eux non plus, d'ailleurs...). C'est le genre de fête où l'alcool coule à flots et où les plaisanteries grasses vont bon train. Je vois... J'ai pourtant passé une excellente soirée, mais pas pour les raisons que l'on pense. Ah ? J'ai fait le clown, Victor. Toi ?! Faire le clown ?! Oui, aussi incroyable que cela puisse paraître, oui ! C'est le genre de comportement que je peux adopter quand j'ai un peu bu, quoi que "boire un peu" soit rarement suffisant pour que je sois extravertie. Et là, tu as réussi sans boire une seule goutte ? Oui ! Miladiou...
Cette soirée m'a permis de réaliser qu'il fallait que je trouve la bonne personne pour faire le clown. Je ne peux pas faire ma fofolle devant n'importe qui. J'ai besoin d'être en confiance pour oser. Comme beaucoup de gens... Et je me suis rendue compte qu'Aurélie était cette personne-là, ce qui m'a laissée sur le cul. Réalise, Victor... Aurélie et moi-même avons été fâchées pendant de longues années. Vraiment. Fâchées à mort. Nous nous sommes retrouvées il y a environ deux ans, et petit à petit, nous nous sommes réapprivoisées. Je ne dirai pas que tout est comme avant (cela ne le sera jamais de toute façon) mais il y a toujours ce petit truc en plus, ce petit truc que j'évoquais ici avec des yeux très très noirs et dont je me dis, finalement, qu'on peut le raccomoder.
Matthieu, le petit ami d'Aurélie, m'a confié qu'elle aurait été "trop déçue" si je n'étais pas venue à cette fête. Moi aussi, je l'aurais été. Car j'apprécie toujours les occasions qui me sont offertes de la revoir. Je sais combien ces années sans elle ont été... Différentes. Pas sans saveur mais... Différentes. Et la retrouver, rire avec elle, évoquer ensemble nos souvenirs d'enfance, ça n'a pas de prix. Du coup... Ouiiii ? Du coup, avant-hier soir, j'ai fait des chorégraphies loufoques sur des musiques de Shakira et autres produits commerciaux que j'exècre. Du coup, avant-hier soir, j'ai chanté à tue-tête en faisant du houlahoup, et frappé dans mes mains en hurlant "Hop ! Hop ! Hop !". Aurélie riait aux éclats, avec ce rire que je n'ai jamais oublié. Je me suis à un moment demandé quel âge j'avais au juste. Il m'a semblé que j'avais huit ans et que, comme à cet âge, j'avais la capacité de tout oublier autour de moi, de ne pas me soucier du regard des autres. C'est comme s'il n'y avait eu qu'Aurélie et moi. Tout était naturel. Je ne me suis pas demandé ce qu'elle allait penser de moi si je me mettais à sauter à pieds joints sur l'herbe, à mon âge, après tout ce temps. C'est comme si j'avais su que cela allait toujours la faire rire...
Quand je suis rentrée chez moi, à 0 h 30, avec la promesse de nous revoir bientôt, je me suis sentie bien. J'ai repensé à la phrase de la mère d'Aurélie, lors d'une pendaison de crémaillère, il y a quelques semaines. Aurélie et moi, nos mères respectives autour d'une table, à bavarder. Et à la mère d'Aurélie de dire :
- C'est quand même fou que vous vous retrouviez maintenant ! C'est le destin, c'est sûr... C'est le destin...
En repensant à cette phrase, j'ai souri. Non pas que je crois à ces sornettes de destin, non, mais enfin, il faut bien avouer que c'est agréable de constater que des proches y croient pour nous deux, pour Aurélie et moi. Il paraît que c'est le privilège des grandes Amitiés, ça.