Magazine Talents

Les gens raisonnables

Publié le 10 janvier 2009 par Mari6s @mari6s

"Les gens raisonnables n'ont pas la belle vie
Ils r'gardent les gens pas raisonnables et bien souvent ils les envient
Les gens raisonnables ont plein de doutes, trop de soucis
Donc moins de souvenirs dans leur sac, à la fin de leur vie", dit la chanson de Mickey 3D (pour les paroles intégrales, c'est ici)

J'ai appris cette chanson en musique au collège, ça devait être en 4ème. A certains moments quand on la chantait, j'avais les larmes aux yeux... C'est pourtant pas le genre de chanson qui fait pleurer en temps normal. En temps normal, je peux pleurer en écoutant Piers Faccini, surtout "Each wave that breaks", ou à la limite "Warwick avenue" de Duffy ou encore "Innocence" d'Avril Lavigne (cette dernière n'est pas triste, au contraire, mais l'émotion me submerge à chaque fois que je l'écoute)

Mais ce qui me touchait dans cette chanson-là, c'est l'impression qu'elle me donnait, comme si je ratais quelque chose. Parce que j'étais quelqu'un de raisonnable. Que cette phrase, "ils font toujours tout dans les règles et quand les règles sont injustes, ils frappent du point sur la table et se rassoient pour se calmer", ça prenait un écho immense au regard de ma vie.

A l'époque, j'avais un sentiment de transparence, d'invisibilité. Je n'aurais pas su mettre des mots dessus, ce n'est qu'avec le recul que je peux le décrire. Je me sentais enfermée dans un carcan, celui du système scolaire qui ne me convenait déjà plus depuis longtemps, celui de la société avec ses foutues normes et idées préconçues, mais surtout celui de mon image que je ne contrôlais pas. Je n'arrivais pas à me connaître. Encore moins à me faire connaître, reconnaître des autres.

Si j'étais morte à ce moment là, je crois que personne n'aurait su qui j'étais. Cette phrase sonne dure, elle l'est, mais ce n'est qu'une constatation. Même mes amies et ma famille ne connaissaient finalement que peu de choses de moi, parce que je n'osais pas me montrer. J'avais une peur incroyable de ne pas être ce qu'on attendait de moi. Toutes les personnes qui m'ont côtoyée à l'époque et perdue de vue par la suite ne doivent se souvenir de moi que comme la tête de classe qui avait pris un mois de vacances au début de l'année de 4ème (parce qu'évidemment, j'étais incapable de m'imposer assez pour faire taire ce genre de rumeurs, surtout avec la fatigue de mon retour de maladie...)

Maintenant, je ne suis plus tout à fait raisonnable. Je fais toujours "bien gaffe de rien abîmer" mais je ne m'excuse plus quand j'ai raison et je ne fais plus tout dans les règles, ça non. J'obéis à mes envies, je fais de vrais choix sans avoir peur de sortir de la prétendue "normalité". Je n'oublie pas de vivre, de 'remplir mon sac à souvenirs', je sais qu'on s'en foutra pas mal d'être passés pour des gens raisonnables ou pour des tarés, une fois morts et enterrés. Moi, en tout cas, je m'en foutrai. Alors je deviens moi. Qu'importe ce qu'en pensent les autres...

Et maintenant, je crois que je peux dire que quelques personnes savent vraiment qui je suis. Pas des tas, mais c'est déjà énorme. Mes amis, ma famille proche me connaissent. Les autres... Certains me considèrent encore sans doute comme raisonnable. D'autres me voient comme une dingue, et d'autres encore ne me considèrent pas du tout. Ca a plus d'importance pour moi que je ne veux (me) l'avouer, j'aimerais que les gens me prennent pour ce que je suis, ou au moins sachent qu'ils ne me comprennent pas. Mais c'est la phase suivante de ma thérapie perso: m'affranchir de ce foutu regard des autres.

texte de MOI


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine