Magazine Journal intime

Le chat !

Publié le 12 janvier 2009 par Thywanek

Félinophiles de tous poils, gâgâto-chatolâtres liquéfiés, ronronnomanes inconditionnels, accrochez-vous à Baudelaire, ça va grave tanguer !
Ca fait un bon moment que je me dis qu’il va falloir sérieusement rétablir la vérité. Certes il y a tant de vérités à rétablir, sans compter celles qui se recassent la gueule dés qu’on les a restaurées, qu’on ne sait plus trop où donner de la tête. Bref, c’est au top d’un agacement légitime, que, souvent, on se décide à s’attaquer à un sujet. Ne dites pas le contraire, vous faites pareil.
Donc, vous l’aurez sans doute compris, je vais m’atteler à la tâche ô combien risquée de remettre le chat à sa place. Je me suis au préalable fait établir une demie douzaine de faux passeports pour fuir à l’étranger, on ne sait jamais, les représailles pourraient être terribles.
Le chat est une créature dont le principal des activités consiste à manger, à roupiller, à mater le monde alentour avec une indifférence supérieure, et à torturer de jolis oiseaux et de facétieux rongeurs, les plus petits de préférence, avec un sadisme qui n’est pas sans rappeler certaines regrettées badernes généralissimes chiliennes ou autres, (en tout cas pas regrettées par moi).
A part ça, soyons clair, le chat ne sert à rien. A rien du tout.
Soyons aussi objectif que clair, force est de reconnaître que cet arrogant mammifère qui peut aussi dépenser son oisiveté à déchiqueter méthodiquement des volées de coussins et des kilomètres de tapis, et à parsemer toute une garde-robe de son poil importun, n’est pas complètement inesthétique. Il n’atteint évidemment pas l’infini élégance de la girafe, le chatoiement coloré du papillon et pas davantage la majesté du vol du héron cendré, mais bon, disons que c’est assez décoratif. Là s’arrête la liste des qualités de ce vaniteux félidé.
Je relisais récemment le sonnet de Charles, Baudelaire Charles, somme de déliquescence opiacée que ce grand poète crut devoir dédié un jour de trip particulièrement carabiné à ce petit fauve de cabaret. Franchement, c’est à se rouler par terre de rire.
Reprenons ça méthodiquement :
Les amoureux fervents et les savants austères
Donc, déjà, exit ma gardienne d’immeuble et la vieille fille du dixième.
Aiment également, dans leur mûre saison,
Donc exit les bambins joueurs et les vieillards à rhumatismes.
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Puissant : un coup de tatane et on le colle au mur ; doux : caressez-le machinalement et vous allez voir les coups de griffes si le matou est mal luné ; orgueil de la maison : avec les canapés en lambeaux, oui, c’est d’un chic !
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Frileux ! C’est pour ça que ça se vautre régulièrement dans les piles de pull-overs et que ça les remet jamais en place ! Sédentaires : tu parles ! Ils savent où se trouve la gamelle, c’est tout !

Amis de la science et de la volupté
C’est ça ! Et pourquoi pas jurés du prix Nobel aussi ! Voluptueux : je suppose que l’auteur voulait dire du racolage, mais ça marchait pas pour la rime…
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;
Le silence !J’en connais un qui, sauf à lui faire manger une balayette, peut passer des nuits entières à miauler sans raison : son assiette est pleine. Ah oui ! C’est ça ! Il manifeste sa joie d’être dans le noir ! Plaisante petite bêêête …
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
Mais l’Erèbe est quelqu’un de sérieux. L’a autre chose à foutre que de s’encombrer d’un attelage de coussins à pattes.
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ouai : moi j’aurais plutôt dit : si ces feignasses daignaient se bouger un peu l’arrière train histoire de se rendre utile et de mériter un peu leur pâtée de temps en temps : mais c’est vrai que ça fait plus de douze pieds…

Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Traduction : ils se gobergent en permanence en prenant des poses de frimeurs congénitaux.
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
C’est vrai que les Egyptiens de l’antiquité adoraient les chats : on voit où ça les a menés.
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;
Faux ! Ca ne dort jamais complètement ces choses-là : ça fait semblant, ça guette, ça surveille : ça n’a pas la conscience tranquille ! Quand aux rêves sans fin : boulettes au saumon, mousse de lapin, souris sanguinolentes et oiseaux égorgés. Beuk, beurk, beurk…

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques
Ca roule de la croupe comme une vraie hôtesse de sex-bar, et ça ondule de la queue pour mieux nous montrer son trou du cul : quelle classe en effet !
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Ca c’est sur que si ce bestiau est le roi, c’est bien le roi de la paillette !
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Aaah les yeux mystérieux du chat ! Quelle rigolade ! Regardons-y de plus près : le regard du chat est vide, totalement vide, insondablement vide : aussi vide que le bocal crânien d’un supporter abonné du PSG !

Voilà ! Ca va mieux ? On redescend sur terre ?
Pour parfaire cette action en rectification, une petite anecdote. Par laquelle nous apprendrons que cette potiche ronronnante peut toutefois s’avérer excessivement comique : sans le vouloir…
Nous étions à Fontayre. Devant la maison il y a une mare, anciennement à canards, devenues à grenouilles. Au dessus sur le talus un bouquet de simili acacias qui grimpent assez haut. A l’époque Françoise et David étaient encombrés d’un chat, aujourd’hui décédé, qui répondait au sobriquet de Bowie. Je dis qui répondait, mais en fait il ne répondait jamais. D’ailleurs les chats ne répondent jamais. Ils réagissent dans le meilleur des cas au son que fait leur gamelle qu’on vient de reposer, dûment remplie, sur le sol. Voilà-t-il pas qu’un matin ce stupide animal entreprend de grimper dans les acacias. Ainsi qu’il est fréquent chez ces ahuris prétentieux il se met à miauler pour manifester son incapacité à redescendre. Donc un des fils de Françoise entreprend de grimper à son tour pour sauver le ridicule griffu de sa grotesque situation. Allez savoir ce qui se passe dans son absence de cerveau, au lieu d’attendre qu’on vienne le récupérer, il continue à s’élever dans les branches. Lesquels, vous avez remarqué, plus on grimpe, plus elles deviennent chétives. Et le gros lucifer de pacotille se retrouve bientôt en équilibre précaire sur une branchette, au dessus de la mare… Eh oui … Vous devinez la suite … J’avoue que la chute du matou, pattes écartelées, dans un miaulement à pisser de rire, et son plongeon dans l’eau verte et pleine d’algues, restera un de mes meilleurs souvenirs comiques, relativement à cette engeance à moustache. Il est a noté que le chat ne vole pas très bien mais qu’il peut nager à une vitesse surprenante. Pratiquement en apesanteur. Réduit à l’état de serpillière puante, on ne l’a plus vu pendant deux jours : le temps qu’il sèche et qu’il se nettoie…
Allez me soutenir après ça que le chat n’est pas un crétin !
Bien sur il y a des exceptions à la règle. De même qu’il n’est pas exclu que certains niaiseux peuvent croire devoir une carrière artistique à quelques prémices dans une vulgarissime starcacadémie, alors qu’ils ont peut-être un vrai talent, il y a des chats qui échappent à leur sort de bibelot.
Ce fut sans aucun doute le cas de « So What » : notre « Rutylante » s’en souviens.
Et même moi, aussi.
En illustration introductive à cet article salutaire une photo d’Yquem ; l’actuel chat de David et Françoise. Autant vous dire qu’il n’a rien de commun avec le célèbre Sauternes…
Il n’y a qu’à voir l’air hébété de l’animal, et encore, ce jour là il était en forme…

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