Les orchidées, Mostek et moi

Publié le 13 janvier 2009 par Anaïs Valente

J'ignore ce qui se passe entre moi et les orchidées, mais elles ne me portent pas chance.

Enfin c'est plutôt moi qui ne leur porte pas chance, pour être honnête.

Souviendez-vous, je l'ai évoqué récemment.  En entrant dans un restaurant chinois situé tout tout près de l'Acinapolis (le big méga complexe cinématographique de ma ville), j'ai soudain chaud.  J'enlève immédiatement ma si cholie écharpe Strelli toute belle toute rose toute nouvelle, d'un geste totalement anti-féminin, d'un geste brusque, d'un geste d'une violence inouïe.  Ladite écharpe, dans son vol, rencontre sur son passage une pauvre orchidée aussi rose et la fait fortement vaciller.  L'orchidée résiste, fort heureusement, comme le roseau qui plie mais ne rompt pas, et se retrouve à l'horizontale.  De la terre (enfin de la terre d'orchidée, savoir un genre de truc en bois compact indéfinissable) jaillit du pot et atterrit sur le sol.  Je me précipite pour remettre la fleur à la verticale, tente de faire disparaître la terre, et continue ma route, joues aussi roses que mon écharpe et la pauvre orchidée.  Surgit alors la propriétaire des lieux, aux yeux aussi bridés que son sourire est hargneux.  Elle se précipite sur l'orchidée, la cajole, la console, lui débite un tas d'insultes mon égard, dans un langage dont j'ignore tout.  Je me rapproche, me confonds en excuses, qui ne récoltent qu'un regard noir et un mutisme absolu en retour.  Penaude, je rejoins ma table, que je ne quitterai plus, de peur de commettre une nouvelle gaffe.

Fin de l'acte un.

Début de l'acte deux.

Quelques jours plus tard.  Au bureau.  En préambule, je me dois de vous dire que j'ai au bureau un montage floral reçu lors d'une big méga fiesta, un an plus tôt.  Il se compose d'une fougère, d'un lierre défunt, d'un kalanchoé (qui fait, selon moi, partie des plantes les plus moches de toute l'histoire végétale de la planète - déjà, son nom est moche et impossible à écrire - mais c'est pas passqu'on est moche qu'on n'a pas droit à sa dose d'amour, ma bonne Dame), d'une orchidée et d'un bout de branche ayant servi de tuteur à ladite orchidée, lorsqu'elle était en fleur.  Depuis sa première floraison, cette petite orchidée était en grève, jusqu'à ce qu'un beau jour je remarquai (je déteste utiliser le passé simple) quelques boutons.  Au même moment, l'horrible kalanchoé s'était étendu, telle une mygale tissant sa toile, pour fleurir, lui aussi.

Tout était donc parfait : quelques fleurs roses (jolies, il faut le reconnaître, même si un peu ... « hautes » - cf photo) et trois boutons d'orchidée laissant présager une floraison pour très bientôt.

Lorsque, soudain, quelques jours plus tard donc, un beau matin Mostek s'approche desdits boutons encore tout petits, les scrute, les inspecte, les admire, les regarde encore et encore et encore et encore.  Puis s'exclame « il lui faudrait un tuteur, à ton orchidée, regarde comme elle pousse... »  In fact, elle pousse à l'horizontale, ou presque.  Et alors, qu'importe, l'essentiel est qu'elle pousse. 

Pour moi.

Pas pour Mostek, qui entreprend de la redresser.  Pendant que je vaque à mes occupations professionnelles, elle entreprend tant et tant de fois de remettre la branche à la verticale qu'arriva ce qui devait arriver (tirade que j'emprunte exceptionnellement à Bob) : j'entends un petit « crac », suivi d'un gros « oups » et d'un énorme râle de désespoir.  Je lève aussitôt les yeux pour découvrir ma branche d'orchidée et ses trois boutons mignons laissant présager une floraison rapide, intacts, tout brillants tout beaux... mais dans la main de Mostek.

Exit la floraison rapprochée. 

Fin de l'acte deux.

Morale de l'histoire : si une orchidée est à l'horizontale, c'est qu'elle a de bonnes raisons de l'être.  Qu'on se le dise.

Si j'ajoute à ces expériences le fait qu'aucune orchidée, à ce jour (à part une, l'exception qui confirme la règle) n'a jamais jamais jamais refleuri dans mon humble demeure, la conclusion est vite tirée : les orchidées et moi, c'est une grande histoire d'amour impossible. 

Un peu comme la chanson : « un petit poisson un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre, mais comment s'y prendre, quand on est là-haut / dans l'eau ».

Cela dit, et pour rassurer Mostek qui ne se remet toujours pas du traumatisme intense qu'elle m'a causé, il me reste une jolie fougère d'amour (les fans de « Comment se faire larguer en 10 leçons / how to lose a guy in ten days » comprendront), un kalanchoé moche mais qui mérite de l'amour et une branche solitaire, sans oublier trois feuilles d'orchidée.

Photo ?  Photo... Admirez au passage la cholie vue sur sapin enneigé.  Que du bonheur que mon bureau.

(Au fait, et vous, main verte ou main maladroite ?)