Les oiseaux de feu me surprennent. J'entends leur cri affreux déchirer la ouate des stratus. Une tempête sonore de cent soixante-dix décibels, jamais annoncée... Force sept : Le bruit crève la laine de verre qui s'ouvre au dessus de ma tête.
Je n'ai pas le temps de prendre mes bouchons. Je plonge la tête dans le cuir du fauteuil, les doigts enfoncés jusqu'à la douleur dans ces conduits qui ne servent plus à rien. Je me transforme en modèle pour peintres expressionnistes, figé pendant dix minutes dans une pose qu'ils n'arriveraient sans doute pas à traduire en couleurs, tant le mélange de vert et d'écarlate rendrait la toile grotesque.
Après avoir recouvré un calme relatif, les cordes nerveuses se distendent pour mieux s'accorder à la musique de colère qui entame son ballet intérieur. Les pilotes de chasse deviennent alors, dans mon esprit, les ennemis inaccessibles, les serviteurs zélés d'un gradé machiavélique, qui a juré d'avoir ma peau par les oreilles.
La triste raison revient pour me faire entendre que ces encocpités sont, au fond, des pauvres types obéissants, peut-être un peu plus intelligents que la moyenne des militaires...