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La Voisine (seconde partie)

Publié le 14 janvier 2009 par Danielrondeau
Les deux policiers, baraqués comme dans une publicité de gym de quartiers populaires, sont allés sonner chez ma comédienne du dessus. Quelqu'un d'autre avait dû se plaindre du bruit. Je me sentais un peu moins seul.
Quelques minutes plus tard, j'ai entendu les pas bottés des policiers redescendre l'escalier jusqu'à mon palier. Au même moment, la voisine a donné quelques coups de talons à mon plafond. C'est quand j'ai entendu les policiers frapper à ma porte que j'ai compris que ce petit air percussif se voulait moqueur.
En apercevant leur faciès avenant de tueurs de chats, je savais que les bonnes nouvelles étaient pour un autre jour.
- On peut entrer? m'a demandé le plus costaud
Avant même que j'aie eu le temps d'acquiescer à leur demande, ils sont entrés. Leur discrétion toute militaire jusqu'à la cuisine a eu tôt-fait de réveiller la petite à nouveau, cette fois curieuse de toute cette activité inhabituelle.
Lorsque je les ai rejoints, aucun des deux gentils gardiens de la paix publique n'a eu ne serait-ce qu'un regard vers la petite. Il y a eu quelques secondes de silence durant lesquelles je me suis demandé s'il était opportun de leur offrir une bière. Puis un des policiers, celui qui scrutait les diverses factures qui tapissaient mon frigo, s'est tourné vers moi, d'un bloc, comme si tout au nord de sa ceinture était soudé. Même ses yeux semblaient vissés dans leur orbite, ce qui l'obligeait à tourner toute le haut du corps chaque fois qu'il regardait dans une nouvelle direction, un peu à la manière d'un hibou. Il m'a regardé sans gentillesse, avant de briser le silence.
- Vous savez sans doute ce qui nous amène ici.
Il détachait ses syllabes comme une sorte de Terminator de marché aux puces. J'ai préféré opiner de la tête de peur de me mettre à rire si j'ouvrais la bouche. Ma bonne humeur s'est toutefois vite estompée.
- On a reçu une plainte contre vous. La dame d'en haut nous a appelé ce soir…
- …à 20h25…, a précisé le second clown.
Le premier a continué comme si ce tour de prise de parole était normal.
- …pour rapporter que son voisin…
- …vous...
C'était qui, ces drôles?
- …se mêlait de sa vie privée en écoutant au travers sa porte…
- …et en l'espionnant de derrière les rideaux.
Et toc. J'étais stupéfait. Non seulement j'avais à faire avec une voisine folle, mais les deux hurluberlus devant moi semblaient sortir de la même boîte de céréales.

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