Magazine Journal intime

Amer Bière

Publié le 14 janvier 2009 par Lephauste

La langue est ma mère intérieure et l'amère parfois dont elle se teinte comme on se rougit les papilles en suçant des pastilles de chlore sucré s'insurge que de ce que de mère, je n'ai eu qu'un lointain magnifique. un paysage parlé dans une langue châtiée, émaillée de quelques ordureries dites du fond d'un confessionnal où elle n'avait rien à faire puisque c'est vièrge de toute malignité que son esprit à traversé et traverse encore les grands boulevards. Hausmann les a percés sans doute dans les soutes de la ville pour qu'en ballerines et tailleur rouge, à gros boutons de plastique noirte, un seul bouton je crois. Un sac à main ? Oui bien sûr, dans les années cinquante, posé sur l'avant bras replié, elle puisse flotter entre ses rêves de pensionnaire et la réalité des Halles, du côté de Saint Eustache. Pas Jean ni trompes, René, ma mère passe, m'attrape au passage, son livre éveillé à la main. Porc Royal.

La langue est ma mère intérieure, un silence à ciel ouvert sur tout ce qui chagrine. Et tout égal, ces grandes volières de son indignation portée à vif par la condition d'être ailleurs qu'en soi, qui me happent, me talochent quand elle me sent au dessous de la question, à bricoler des réponses avec les débris de l'histoire et les mines sombres qu'elle affiche au front des participants. C'est ainsi que j'étais avant qu'elle et moi nous ne nous refassions des airs, toujours au mot près du sens interdit.

J'entends bien les chansons d'amour. Les hommes partent, les femmes allaitent et tissent inlassables d'impérissables entraves et se finissent en mer, leur comptant de furie en travers de la gorge. Ulysse part à l'aube, avant l'aube pour des périls précipités, ne revient pas et lui aussi les écoute les chansons d'amour, devant son premier verre puis devant le suivant puis devant les autres dont il ne voit que la transparence du vide. Et elle aussi pleure, un père envahissant...

De bière ? De bière il n'est là pas question sinon quà s'y vautrer, à y baiser la mort jusqu'au moindre osselet on navigue en langue sans qu'au dessous de l'étrave l'encre soit limpide, sans qu'au dessus du pont les éphémères ne tracent au ciel les gestes de ma mère. Son paysage parlé.


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