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Publié le 15 janvier 2009 par Eleken

trace de sangMa main glisse sur l’embout de métal. Ce contact m’arrache un frisson presque sexuel. Il s’échappe de mon bras et remonte dans mon dos, laboure ma nuque et m’arrache un tressaillement. À cette seconde, le temps se stoppe, il se dilate à l’infini. Plus rien ne s’échappe. Plus rien n’échappe à mes sens. Je perçois chacun de mes battements de cœur. Un long tambour. Un coup. Dans les autres pièces, je peux les sentir telles des mouches, ignorant de leur sort. Ignorant de ce que je suis. Deux coups. Mon cœur est le métronome de mes actes. Il dicte mes choix, il fait jaillir le sang de mes artères dans mes veines, diffuse en moi la chaleur et le froid. Il est Dieu en mon âme. Trois coups. Je suis si calme. Il y a dans l’air une odeur qui n’échappe à aucun animal. Celle du sang qui va mourir. Ce sang qui ne touche pas encore le sol. Celui des autres. Dans la pièce, ils n’ont pas encore réagît. Quatre coups. Des cheveux encore attachés à des bouts blancs s’envolent et s’écrasent contre le mur derrière. Le soleil envoie ses rayons dans la pièce. Je songe à la prairie. En rêve, j’étends mes bras pour ressentir la puissance du vent. Cinq coups. Alors ? C’est cela que je voulais ? Un massacre ? Un carnage ? Et derrière ? Il n’y a rien d’autre que ma propre fin derrière tout cela. Pourquoi ces mutilations, pourquoi ce battement, pourquoi ce cœur me permet-il de vivre ? Encore et encore. Inévitable. Le sixième coup emporte les nerfs qui relient ce qui reste de mon crâne à mon corps. Mon cœur bat encore que mes doigts ne peuvent plus tenir mon arme. Elle glisse de ma main, le monde qui un instant fut si clair s’échappe à nouveau dans la nuit. Vous aussi vous ne comprendrez que trop tard.

— Eleken,
Rien n’est facile, assumer ses choix, les assumer, les regretter.
Rien n’est plus difficile que d’en faire. Des jours, je retourne aux anges.


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