Alors, si tu es d’accord, nous donnerons à notre enfant, quel qu’il soit, une fenêtre grande ouverte sur la nature, au pied du Vercors, par exemple, là où les nuages violets du soir caressent les montagnes crayeuses, baignée de forêts pleines de mystères. Nous retaperons une vieille ferme aux murs épais. Les pierres nous protègeront des agressions de l’hiver et des torpeurs de l’été. Des prés lourds d’herbes bien grasses, des chemins terreux à l’assaut des premières collines, des fleurs en liberté bercées du vol des papillons, des ânes aux yeux doux, quelques chèvres de montagnes sautant de rocher en rocher, au pied sûr et au regard fier, des familles de marmottes postées sur les contreforts, le visage dans le vent, autant de trésors sur lesquels notre enfant plongera ses regards neufs. Nous cultiverons quelques carrés de vigne, des pommiers surgiront de nos terres, des fraisiers grimpant orneront les murs de notre maison, des fruits lourds, des légumes riches de couleur. Notre demeure s’étendra un peu à l’écart du village, mais le chant clair des cloches bercera nos nuits douces. Au matin, tenant nos bols fumant du lait de nos chèvres, nous laisserons flâner nos regards sur les cimes. Un pèlerin, parfois, viendra troubler l’azur de son vol vif, et notre enfant, les mains au ciel, debout et libre devant l’immensité des montagnes, mimera sa course, longtemps, heureux de sourire à la vie."
FIN DE L'HISTOIRE