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Chaos calme: Chroniques d’une douleur inexistante

Publié le 19 janvier 2009 par Blogueusecornue

Il y a quelques jours, j’ai terminé le roman Chaos calme de Sandro Veronesi, que j’avais commencé il y a plusieurs mois déjà, mais que j’avais laissé de côté, entrecoupant la lecture de cet ouvrage avec d’autres bouquins, comme il m’arrive souvent de le faire lorsque je ne suis pas complètement happée par la trame d’une histoire.  Disons que Chaos calme appartient à cette catégorie de livres qui ne s’absorbent pas nécessairement d’une traite, parce que, trop calmes, justement. La narration n’a rien d’ennuyeux, au contraire. Plutôt inattendue, l’évolution du récit se vit comme un feuilleton qui se laisse “mijoter”, si j’ose dire. Inutile d’attaquer l’histoire comme s’il s’agissait d’un long-métrage, vaut mieux l’aborder à la petite semaine.

;)

Dans Chaos calme, l’auteur relate l’histoire de Pietro Palladini, milanais d’origine romaine, la quarantaine, bossant dans l’industrie télévisuelle. Alors que son frère et lui tentent de rescaper deux dames sur le point de se noyer, Lara, la conjointe de Pietro, périt accidentellement. Le sauvetage d’une étrangère survient simultanément avec la mort tragique de l’être aimée… De quoi plonger quiconque dans le remord absolu. Mais il n’en est rien. Pietro et sa fillette de dix ans ne ressentent vraisemblablement pas la douleur de perdre une femme et une mère. Ils ne vont pas mal. L’intangible deuil qui est le leur ne provoque ni crise de larme ni neurasthénie.

Contre toute attente, le quadragénaire décide plutôt d’attendre que les signes d’une affliction, anticipée par tous (parce que supposément normale), se manifestent. Et il attend et attend, en vain. Soucieux du bien-être de sa fille, il se poste devant l’école que fréquente la gamine. D’autant plus que l’atmosphère du bureau n’a rien de très gai et que les rumeurs de fusion vont bon train. Dès lors, il ne remettra plus les pieds au bureau et vaquera à ses occupations quotidiennes à l’intérieur de sa voiture ou au café du square. Cette audace que d’aucuns jugent comme farfelue surprend proches et collègues, qui voient dans ce geste un cri de désespoir. Mais il n’en est rien. Pietro ne vient pas à bout de ressentir ne serait-ce qu’une seule once de réelle tristesse. En revanche, tous ces êtres qui l’entourent, belle-soeur, petits collaborateurs et gros bonnets de l’industrie, se confieront à lui, à tour de rôle. Tous ces gens qui défilent devant lui, qui s’épanchent et lui font miroiter un mal de vivre que Pietro ne soupçonne pas toujours, ne parviennent pas à lui faire goûter à une détresse qui, finalement, ne va pas de soi.

Ainsi plongé malgré lui dans un rôle de confesseur, Pietro Palladini sera le témoin de  quelques parcelles de  la véritable existence que mènent ces hommes et ces femmes.

Comme je l’ai mentionné précédemment, l’idée derrière ce roman est certes intéressante et sort de l’ordinaire. Toutefois, je reconnais que l’histoire est par moments un peu dispersée et que l’ouvrage recèle de quelques longueurs. Le style est relativement fluide et peu complexe. Le genre de roman tranquille,  distrayant et apaisant. Je vous suggère donc de parcourir Chaos calme avec un zeste de détachement qu’il est parfois bon de s’accorder dans cette course effrénée qu’est la vie.

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Chaos calme
De Sandro Veronesi (J’ai la berlue, ou bien sur le lien proposé à gauche, Veronesi est le portrait tout craché d’Yves Montand?!?)
Paru aux Éditions Grasset, 505 pages.

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