Une histoire de marguerite...

Publié le 19 janvier 2009 par Tazounette


Il pleut…

Les nuages déversent leur saleté d’eau sans discontinuer. A croire qu’ils auraient eux aussi des raisons de pleurer… Les nuages forment une couverture compacte qui empêche même le jour de se lever ! 9h30 et on dirait bizarrement qu’il fait nuit…

Je déteste ce fichu temps. Je voudrais monter tout là-haut et couper au couteau ces put* de nuages, voir un bout de ciel bleu, simplement, un tout petit bout de soleil. Sentir sa chaleur et retrouver le sourire comme par magie.

Au lieu de cela, il pleut non-stop…

Les gens se sentent tous obligés de prendre leur voiture, surtout ceux qui ne savent pas conduire… Comme si on pouvait apprendre par mauvais temps !!! Ca se saurait…

J’ai déposé ma grande à l’école.

Elle est joyeuse et gaie, elle est belle et je n’avais pas envie de la laisser. J’avais envie de les garder pour moi, aujourd’hui, prendre la voiture et roulons jeunesse… Sans forcément de but, d’ailleurs ! Juste ce sentiment de liberté et d’excitation, de faire une chose aussi insensée que partir toutes les trois, juste pour faire différemment de d’habitude… Je regardais ma fille, en lui disant « A ce soir ». Elle est partie d’un pas décidé dans la salle de garderie, accostant les gamins plus grands qu’elle dans cette salle où les enfants de tout âge sont mélangés. Décidée, volontaire, sans aucune crainte.

Elle est. Elle le sait déjà du haut de ses 3 ans ½ et ça me rend fière…

Puis j’ai fait de même avec ma petite. Je l’ai déposée à la crèche… M’appliquant à ôter son blouson sans trop la décoiffer pendant qu’elle tapait des pieds parce qu’elle se sent jolie. Et j’adore quand elle sait qu’elle est jolie. Petit bouchon de 2 ans ½ qui est déjà toute fière et sait déjà jouer de son charme… Je lui ai enfilé les chaussons, puis je l’ai déposée, ma merveille, un dernier câlin et un dernier baiser. Bizarrement, comme si elle avait compris mon état, elle ne voulait plus me lâcher, non plus. Elle voulait rester là, contre moi son petit visage dans mon cou. J’ai dû lutter pour m’arracher à elle et partir de mon côté, sans me retourner après lui avoir dit que je reviendrai ce soir, qu’elle ne s’inquiète pas, que « maman t’aime, maman revient toujours »…

Il faisait nuit noire et il drachait quand j’ai mis l’album de Mika à fonds les manettes pour essayer de retrouver un peu de légèreté dans cette grisaille de début de semaine, enterrant définitivement le week-end juste derrière. Entamant cette transition obligatoire et torturante entre de merveilleux moments d’apaisement et d’amour et leur fin…

Entre son arrivée et son départ.

Entre notre vie à 4 et notre vie à 3 qui reprend.

Transition qui se fait sans ménagements. Forcément sans ménagements. Quelle douceur peut-il y avoir dans la brutalité d’une absence soudaine et non désirée des deux côtés ?… Take it easy  tourne dans mon lecteur, au rythme des essuie-glaces qui tentent de balayer une pluie qui s’installe, dure, laissant ses gouttes étalées sur le pare-brise comme des larmes qu’on essuierait de la main, sans que ça ne les calme pour autant…

Je prends ma route tel un automate.

Je marche sous cette pluie battante sans protection. Que la pluie me mouille donc !…

Il fut un temps, pas si lointain, ou par un dimanche d’octobre, la pluie ne mouillait pas…


Aujourd’hui elle frappe, trempe et reste. En cadence... Point d’imperméable. J’ai oublié ! Oublié que s’il ne neigeait pas, il faisait gris, quand il ne fait pas gris, il fait nuit jusqu’au soir et il pleut !…
En route pour un boulot d’automate jusqu’à ce soir ! Jusqu’à ce que je retrouve l’amour de mes filles. Retrouver mon jardin. Puis, plus tard, la voix de l’homme que j’aime, celui, si doux qui était là, hier, encore…

Retrouver sa voix ou ses mots… Les conversations ou les silences... Sa présence... 

Un peu, beaucoup, passionnément de lui…

Tous deux propriétaires d’une marguerite qui ne s’effeuille pas.
Aucun besoin de trouver ce qu'une fleur peut dire par un dernier pétale ôté de son ensemble, dans ces superstitions d'enfant où le hasard parfois rassure... 
Ce besoin inconséquent de signes extérieurs quand l'intérieur ne trouve pas de quiétude... Quand la confiance n'est qu'une chimère inatteignable. Un trésor trop précieux que l'on garde enfoui par peur d'un gâchis.
Dans mon jardin "tout neuf", la confiance est... Grande, puissante et dense. Je ne garde plus mon trésor jalousement...
Notre marguerite s'épanouit, dans deux jardins différents, si similaires pourtant ! Une fleur qui semble ajouter des pétales à chaques retrouvailles, à chaque réunion magique et parfaite de nos centres réjouis, aimants et attentifs…

Je l’ai trouvé…

Dans l’immensité de ce monde individualiste où on passe son temps à chercher vainement, à espérer, à se tromper, à trébucher, à croire et à tomber…

Je l’ai trouvé… On s'est trouvé…

Qu’il pleuve donc ! Que ma vie soit faite ainsi de ce blues qui me transperce si souvent !…

Je m’en fous…

Je sais vers quoi je cours…

J’ai de l’endurance à revendre à ce jeu-là ! J’aime mon blues, j’aime ces larmes qui voudraient couler et restent là, telle une eau de jouvence…

Ce blues-là n’est rien en comparaison de cette paix que l’on partage dans la présence de l’autre. 

Cet autre.

Mon autre…

(Soupir)