Regardez d’abord le film, avec Marion Cotillard et puis lisez le livre. Dans ce sens là, on est toujours moins déçu, puisque le livre est toujours meilleur. Les jolies choses est un roman de Virginie Despentes qui reçu le prix de Flore en 1998. Je croyais que je n’aimais pas Virginie Despentes. J’avais feuilleté son très connu Baise-moi et entr’aperçu le film. J’avais trouvé ça trop, trop racoleur, trop réaliste, trop peu creusé. J’avais le sentiment de voir une petite sœur de Breillat. Et je déteste Breillat. On devrait interdire à Houllebecq et à Breillat de cracher leur merde et leur frustration à la gueule du monde, sous couvert de faire de l’art. Et puis je suis tombée sur Les jolies choses. Chère Virginie, je me suis trompée sur votre compte. Je relirai même Baise-moi, j’étais peut-être trop jeune à l’époque.
Dans Les jolies choses, il y a deux jumelles : Pauline et Claudine dans le livre, Marie et Lucie dans le film. L’une est une baby doll glossée à mort, qui utilise son vernis à ongle pour séduire les hommes qu’elle prend pour des tirelires, une bitchy complètement paumée qui monte à Paris pour devenir quelqu’un et qui, à force d’avoir bien traîné ses fesses partout, se voit proposer de faire un disque. Le problème c’est que sa voix est nulle mais que celle de sa sœur est superbe. La sœur c’est l’opposé forcément. L’intelligente, la moins tapageuse, la plus cynique aussi, la plus haineuse presque. Celle qui emmerde le monde et les gens avec, sa sœur en premier. Mais elle accepte, et lors du premier concert, la sœur jolie se balance par la fenêtre, sans doute histoire de voir si elle peut voler. L’introvertie décide alors de prendre sa place, de se glisser dans les pompes et dans la vie de l’autre, sous le regard complice et apeuré de Nicolas, le meilleur ami de la sœur morte. Seulement cette vie ne va pas s’avérer aussi facile que prévu.
Personnellement le film m’a complètement accrochée, au point que j’ai acheté le livre le jour même et que je l’ai fini dans la lancée. L’esprit du bouquin est vraiment respecté, les dialogues sont impressionnants de vérité et de cynisme dans la bouche d’une double Marion Cotillard, plus acide et plus belle que jamais. En dehors de tout ce qui a pu se passer pour elle de très médiatisé ces derniers temps, cette fille est réellement une grande actrice, une vraie. On admirera également dans le film les chansons incroyables donc notamment celle du même titre que l’œuvre qui vous trottine longtemps dans la tête. L’écriture de Virginie Despentes est tel un cri, un venin, un hurlement qui accélère et vous gifle dans votre vie quotidienne. Ce n’est pas surfait, jamais mélo, ça retourne les tripes à l’acide et ça vous laisse un goût doux amer en bouche. Cette jumelle qui va découvrir et vivre la vie de sa sœur est à la fois faible et forte, comme nous le sommes pour la plupart et porte en son sein la haine et l’amour que nous ont porté nos parents et qui font malgré tout, ce que nous sommes.
A voir et à lire sans attendre !!