Des individus chagrins feront remarquer que cette aimable tradition qui perdure depuis plus de 20 siècles semble surannée et de citer avec une parfaite malhonnêteté l’exemple éclairant de l’année 2008. Quelques esprits clairvoyants l’avaient prédite exceptionnelle. Et nous fumes exaucés au-delà de notre espérance. Soulignons d’abord les remarquables avancées en terme de libertés publiques et de droits de l’homme que ne cessent de nous prodiguer notre éclairé Président et sa bienveillante Garde des Sceaux. On va pouvoir embastiller les fauteurs de trouble et tous ces enfants dévergondés que plus aucune valeur judéo-chrétienne ne raisonne. Gageons qu’en 2009 ils seront employés comme auxiliaires de forage dans nos bonnes mines de houille.
2008 fut l’année d’une grande leçon qui nous a révélé qu’il est vain de vouloir prodiguer aux indigents trop de bienfaits et la crise des « subprimes » en est la preuve. Car enfin si le système est en faillite, c’est bien pour avoir voulu trop donner à cette population d’irresponsables. Heureusement que grâce à la clairvoyance de nos dirigeants on va rétablir les fondamentaux selon les préceptes d’Alphonse ALLAIS « Il faut prendre l’argent là où il se trouve, c’est-à-dire chez les pauvres. Bon, d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres ».
2008 a permis de mettre fin à cette gabegie que sont les 35 h, source d’oisiveté et du déficit abyssal de notre économie jadis.
En 2008 a vu se reconstruire une opposition sereine, solidaire qui fait fi des querelles intestines pour se consacrer pleinement au bien-être de ses concitoyens. Après la « bravitude attitude » voici enfin la « droititude attitude ».
Inachevé en 2008, gageons qu’en 2009 nous allons enfin pouvoir être actifs le dimanche, nous en rêvions, il l’a fait. Pouvoir consommer sans relâche, n’est-ce pas le début du bonheur.
2008 s’est achevée par les brillantes élections prudhommales marquées par la forte participation des salariés qui ont manifesté ainsi l’intérêt croissant qu’ils portent aux centrales syndicales.
Et dans le cadre de la minute de culture obligatoire cette forte pensée d’actualité de M. La Boetie: « Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libre. Chose vraiment étonnante - et pourtant si commune qu'il faut plutôt en gémir que s'en ébahir -, de voir un million d'hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'Un, qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il est seul- ni aimer - puisqu'il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l'obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. » (Discours de la servitude volontaire)
En espérant 2010 et dans la plus parfaite tradition je vous souhaite pour 2009 plein de dividendes, une santé à l’épreuve des places disponibles en réanimation, un comportement capitalistique, des crédits abondants, des tentes quechua 4 places pour les mieux lotis, encore plus de réformes et une Europe sociale (attention piège, une de ces propositions ne pourra jamais se réaliser).