Qu'est-ce qui peut arriver de pire quand on vient de racheter une voiture après avoir achevé l'ancienne dans un fossé ? La ratatiner à son tour ? Qu'elle pète sa courroie de distribution ? Que l'embrayage fasse des siennes ? Faut voir, faut voir.
Ce matin là, mon papa et moi, venons de passer à ma maison prendre quelques mesures, puis nous devions nous rendre à Saint-Michel, joli petit village Gersois, pour aller chercher le délicieux foie gras que nous allions manger au Réveillon de Noël.
Alors qu'il conduit et que je suis installée juste à côté, nous ne disons que du bien de ma nouvelle 205 aussi blanche que l'ancienne : qu'elle roule bien, qu'elle est agréable à conduire, très peu bruyante, qu'elle ne fait pas le gros veau paresseux dans les montées même si elle n'a pas de turbo, que le fait qu'il n'y ait pas de sièges à l'arrière est bien pratique pour transporter des trucs, qu'elle freine bien, qu'elle a un bon rapport au niveau de la boite de vitesse. Bref, nous ne tarissons pas d'éloge à son égard, c'est un petit bijou et une très bonne affaire.
Nous quittons mon futur village pour entrer sur une petite route campagnarde. Il fait un temps superbe malgré le froid. C'est resplendissant. Mon père est tout à coup alarmé par une odeur étrange de brûlé. Ca sent doucement de plus en plus fort, un peu comme un gros pet silencieux qui tarde à se diffuser dans l'air. Doucement mais sûrement. Quand nous commençons à voir sortir de la fumée du tableau de bord, mon père s'arrête et moi je panique.
Il sort de la voiture, glisse sur le sol mouillé et se rétame sur la route. Heureusement il s'est pas fait mal, ça aurait été ballot qu'en plus que ma voiture crame, Papounet se fasse mal. Il se relève, ouvre le capot, fait son inspection, puis se dirige vers la boîte à gant. Un cumulo-nimbus de fumée noire s'en échappe. Il me dit "C'est le ventilateur du chauffage qu'a cramé". Moi j'ai déjà les larmes aux yeux, en me disant "Putain d'année 2008 de merde, tu vas pas encore me gonfler avec des histoires de voiture là !". Mais Papounet il me rassure "C'est rien, ma bibiche, je vais réparer ça, c'est pas grave !". En même temps j'me disais "Bordel va encore falloir débourser !". Nous reprenons la route mais la fumée ne s'arrête pas. On ouvre grand les vitres. Il fait 0 degré dehors, voire un peu moins. J'ai les tétons glacés et douloureux. Les miches aussi. Ca tombe bien, j'avais toujours rêvé qu'un jour je jouerais le rôle d'hibernatus. Tout à coup, les flots de fumée s'amoindrissent et le voyant de batterie s'allume continuellement. Papounet m'explique que le fusible a cramé, que c'est bon, que ça prendra pas feu. Je lui propose quand même de rentrer à la maison chercher l'autre voiture car nous n'en sommes pas très loin, celle qui crame pas et qui a du chauffage. On fait demi-tour, on rentre avec les vitres tantôt ouvertes, tantôt fermées, histoire de jouer plusieurs fois à l'Iceberg roulant. Moi, pendant ce temps là j'ai envie d'pleurer. Oui. Mais j'ose pas, faudrait pas que ça se congèle. Quoique j'aurais pu me la péter en étant "La demoiselle aux larmes glacées", c'est un peu comme Edouard aux mains d'argent mais en vachement moins bien quand même.
Finalement, Papounet il a remis un fusible. Parce que y'avait plus de clignotants, plus de phares et tout et tout. Mais le ventilo, comme il a cramé, il marche plus. Du coup, quand on met le chauffage, l'air chaud, il vient pas. Et du coup, ça laisse plein de buée. Et du coup, même s'il fait déjà froid dans la voiture faut entre-ouvrir la vitre. Et du coup quand il fait entre -8 et +2 le matin, c'est la morve qui me gèle au nez. Mais, comme on dit, tant que ça roule, c'est l'essentiel !